8 octobre 2016

FNC 2016: A Lullaby to the Sorrowful Mystery (Hele sa hiwagang hapis) ****

(Réalisateur : Lav Diaz)

Le cinéma de Lav Diaz, amateur de films très longs, ne peut pas être jugé sans prendre en compte l’élément de la durée. Ceci dit, A Lullaby to the Sorrowful Mystery, qui atteint les huit heures, représente en quelque sorte un défi. Le rythme n'y est pas inexistant, mais étiré, pesant dans sa longueur. Visionner le film de Diaz demande d’en accepter l’ampleur et d'être conscient qu’une œuvre d’une telle grandeur ne peut être retenue dans son entièreté. Pour autant même si le film est long, il est également dense dans son discours.
Ancré dans la révolution des Philippins contre la domination coloniale espagnole, le film mêle mythes et légendes à la grande Histoire, non pour faire état du mouvement révolutionnaire, mais pour en capturer l’esprit. Si le récit ne prend jamais une forme définie, Diaz réussit dans son film à explorer avec poésie l’aspect humain de cette étape de l’histoire de son pays. Autant l’oppression est ressentie chez les personnages, autant leur désir d’un monde meilleur et leurs déceptions face aux échecs transparaissent clairement dans le film.
La construction romanesque du récit permet à quelques très beaux moments de prendre une place significative. Par exemple, les morceaux musicaux existent dans leur entièreté alors qu’ils serviraient de transition ailleurs. Pour leur part, les conversations peuvent s’étaler longuement et possèdent en elles-mêmes les hauts et les bas d’une courte histoire.
Formellement impeccable, A Lullaby to the Sorrowful Mystery ne s’apprécie pourtant pas pour ses qualités techniques. Dans sa lenteur souvent exaspérante, le film réussit à donner l’expérience de la multiplicité d’un mouvement historique, d’en capturer l’essence et de le faire vivre... huit heures durant!
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