14 octobre 2016

Moi Nojoom, 10 ans, divorcée (Ana Nojoom bent alasherah wamotalagah) ***

Vu dans le cadre du FNC 2016

Mariée à un homme deux fois plus âgé qu’elle, Nojoom, une jeune fille de 10 ans se rend à la cour afin de demander le divorce.

Réalisation: Khadija Al-Salami | Dans les salles du Québec le 14 octobre 2016 (Axia Films)

De manière saisissante, Moi Nojoom, 10 ans, divorcée parvient habilement à mettre en lumière une histoire troublante par la douceur du conte. Tout au long du récit, le point de vue demeure celui de Nojoom. Ce choix permet de traverser avec elle son passage forcé vers la vie adulte. Évitant de tomber dans le misérabilisme (ou le syndrome de la victime), le film de Khadija Al-Salami offre d’abord et avant tout, un symbole de résistance. En explorant les traditions bien ancrées dans sa culture (un père peut décider de marier sa fille quand bon lui semble), la réalisatrice propose de les remettre en question.
Nojoom subit d’ailleurs un nombre important de traumatismes (le mariage forcé, la nuit de noces, les abus de son mari et de sa belle-mère). On assiste ainsi à sa lutte constante afin de sauvegarder son enfance. Elle veut être une petite fille, jouer à la poupée, s’amuser avec des amis. Confronté au monde adulte qui ne voit aucun mal à sa situation, elle prend donc les choses en main.
Au niveau de la mise en scène, Khadija Al-Salami s’en tire avec brio. Les cadrages soignés ainsi qu’un montage discret ne cherchent pas à sur-dramatiser les situations. Le jeu des comédiens (principalement des adultes) pourra paraître quelque peu figé, il n’en demeure pas moins intéressant tant le discours adulte semble être pris par un sens du respect des traditions défiant toute logique.
Au final, Moi Nojoom, 10 ans, divorcée nous rappelle comment les enfants sont souvent les derniers à être consultés. Il est dommage de constater que beaucoup d’entre eux doivent se battre pour conserver une part de leur enfance.
L'avis de la rédaction :

Miryam Charles: ***
Martin Gignac: ***
Olivier Maltais: **½
SHARE