4 novembre 2016

Hacksaw Ridge **½

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Desmond T. Doss (Andrew Garfield) désire s’engager pour servir son pays, mais ses convictions lui interdisent de tenir une arme! Cela ne l’empêchera pas de devenir un héros!

Réalisateur: Mel Gibson | Dans les salles du Québec le 4 novembre 2016 (Entract films)

Autant le dire d’emblée: Hacksaw Ridge commence mal… principalement en raison de l’interprétation d’Andrew Garfield (à moins qu’il ne s’agisse de la direction d’acteurs). Le personnage qu’il incarne a tout du benêt au sourire d’idiot du village, et si nous pouvons comprendre la volonté du réalisateur (son personnage porte le poids d’un traumatisme passé qui lui confère une certaine naïveté), celui-ci pousse le bouchon un peu trop loin. Non seulement le personnage est difficilement crédible, mais sa relation avec sa future femme (parfaite sous tous rapports: comment imaginer le personnage interprété par la sublime Teresa Palmer s'amouracher d’un tel individu) en devient presque risible!
Ce problème n’est que la pointe de l’iceberg de la première partie: traumatisme (et alcoolisme) du père, traumatisme du fils («tu ne tueras point»), musique pompière, poncifs de la parfaite romance américaine… Mel Gibson n’y va décidément pas avec le dos de la cuillère et n’est jamais loin de provoquer l’indigestion du spectateur qui aurait apprécié un peu plus de nuances.
La partie suivante, consacrée à l’incorporation dans l’armée, est du même acabit et permet à Gibson de multiplier les personnages monolithiques et sans surprise.
Heureusement, le film est (relativement) sauvé par la représentation (cinématographique et intellectuelle) que Gibson fait de la guerre. Il y a certes encore quelques lourdeurs, mais le regard qu'il porte sur ce sujet précis est particulièrement pertinent. Si la finesse n’est pas son fort, il est irréprochable lorsqu’il s’agit de filmer la guerre. Elle est cruelle, violente, insoutenable et Gibson la montre de manière efficace sans jamais faire un film à sa gloire. Le film n'est cependant pas non plus naïvement antimilitariste, ce qui permet à Hacksaw Ridge de devenir enfin nuancé. La guerre est en effet un mal abject, insoutenable, cruel, injuste mais parfois malheureusement nécessaire! La grande force de Gibson est d’être parvenu à en montrer la bêtise et l’ignominie sans condamner aveuglément ceux qui croient nécessaires de la faire malgré tout… lorsque la situation l’exige.
Rien que pour cela, on a presque envie d’oublier tous les défauts du film pour en conseiller (timidement) le visionnement!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: **½
Martin Gignac: ***
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