13 octobre 2017

120 battements par minute ***½

Critique rédigée à l'occasion du FCVQ 2017

Dans les années 90, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Dans le même temps, le sage Nathan (Arnaud Valois) s'éprend du beaucoup plus radical Sean (Nahuel Pérez Biscayart).

Réalisateur: Robin Campillo | Dans les salles du Québec le 13 octobre 2017 (MK2 Mile End)

Robin Campillo a certes appartenu à Act Up dans les années quatre-vingt-dix, il ne fait pas pour autant de 120 battements par minute un film sur la défense de l’activisme parfois extrême du mouvement, ni même une réflexion sur le type d’actions nécessaires pour lutter contre le fléau du SIDA à cette époque.
D’ailleurs, au-delà du SIDA (bien sûr omniprésent) et de la prise de conscience tardive du drame et de ses conséquences par les autorités (au centre du film, mais abordé sans insistance vengeresse), le film de Campillo est surtout un film de groupe qui souligne l’importance d’être ensemble lorsque tout va mal, de se battre afin de faire changer les choses, mais surtout de continuer à vivre à fond tant qu’il en est encore temps. Cet aspect du film, indéniablement le plus réussi, est servi par la sobriété de l’écriture (un tout incroyablement riche formé d’un assemblage d’éléments qui pourraient sembler disparates), la justesse d’une mise en scène qui nous plonge efficacement en plein cœur de l’action (ce qui nous fait d’ailleurs penser à certains films de Laurent Cantet… écrits par Campillo), et l’alchimie prodigieuse entre les acteurs, qu’ils soient très connus (Adèle Haenel), un peu moins (Nahuel Perez Biscayart, exceptionnel) ou pas du tout.
Malheureusement, lorsque le film prend un autre chemin pour se focaliser plus spécifiquement sur un couple (et le drame qu’il vit en raison de la maladie avancée d’un de ses membres), il quitte un peu ce qui faisait sa spécificité et sa force. Certes, l’ensemble est toujours traité avec sensibilité par Campillo, mais son contre-pied par rapport à la première partie du film n'est pas toujours parfaitement maîtrisé.
Cependant, cette rupture de ton permet à 120 battements par minute de repartir de plus belle dans ces derniers instants, en lui redonnant le sens qu’il avait depuis le début: la mort des uns ne doit pas empêcher les survivants de continuer à baiser, à rire, à danser sur du 120 BPM ou à se battre à leur manière pour faire changer les choses. Cela n’effacera pas leur tristesse, n’empêchera pas les larmes de couler, mais leur permettra de continuer à avancer, et peut-être, un jour, qui sait… d’aider le destin à revenir sur la bonne voie.
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Miryam Charles: ***½
Martin Gignac: ****
Olivier Maltais: ***½
Ambre Sachet: ****½
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