15 décembre 2017

The Shape of Water (La forme de l'eau) ***½

Dans les années 60, une femme muette (Sally Hawkins) tente de faire échapper un monstre marin retenu en captivité dont elle s'est prise d'affection.

Réalisateur : Guillermo del Toro | Dans les salles du Québec le 15 décembre 2017. (20th Century Fox)

Après une décennie de films indigne de son talent (Crimson Peak, Pacific Rim), Guillermo del Toro fait l'impossible avec The Shape of Water pour retrouver le succès de son immense Le labyrinthe de Pan. Il s'agit à nouveau d'un conte historique, violent et troublant, qui croise cette fois l'univers du Fabuleux destin d'Amélie Poulain avec celui de Beauty & the Beast (avec beaucoup de Cendrillon, Splash, un monstre qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de Creature from the Black Lagoon, etc.).
C'est techniquement impressionnant de beauté. La photographie exceptionnelle rivalise de finesse avec la riche direction artistique et la musique extrêmement mélodique d'Alexandre Desplat. Sally Hawkins y apparaît parfaitement dans son élément, apportant force et candeur à ce personnage éminemment attachant qui aime danser. Un érotisme certain se dégage de tous ces fluides et la poésie prend de plus en plus de place avant d'exploser lors d'une finale poignante et inoubliable.
Il ne faudrait toutefois pas classer The Shape of Water dans la section des «œuvres essentielles» pour autant. Le long métrage cherche tellement à restaurer son créateur dans la catégorie des «grands cinéastes» (ceux qui remportent des prix «importants» comme un Lion d'Or à la Mostra de Venise et probablement des Oscars) qu'il en devient parfois malhonnête. Le récit prend peu de risques formels et son scénario paraît souvent plaqué. Évidemment, avec une telle prémisse, il lui fallait inclure une femme sans parole, une amie noire et un voisin homosexuel: tous des êtres «différents» et «muselés» qui tentent d'exister à une période trouble aux États-Unis où le spectre du méchant communisme n'est jamais bien loin... Il y a même l'hommage attendu au septième art (l'héroïne habite au-dessus d'un cinéma). Difficile de faire plus opportuniste et calculé que ça.
C'est d'autant plus dommage que mise à part son intrigue manipulatrice et téléguidée, l'ensemble regorge de splendeur, donnant littéralement le tournis. On ira s'y perdre avec volupté mais sans crier au génie.
L'avis de la rédaction :

Martin Gignac: ***½
Jean-Marie Lanlo: **½
Pascal Grenier: ***
Olivier Bouchard: ****
Ambre Sachet: ***½
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