21 juin 2019

★★★ | Dogman

Réalisé par Matteo Garrone | Dans les salles du Québec le 21 juin 2019 (Métropole)
Un petit homme au corps fragile; une station balnéaire en pleine déliquescence; des chiens que l'on toilette; de la drogue que l'on vend; un entourage auprès duquel on essaie d’exister; une fille à qui l’on a envie de tout donner… et surtout un ami trop brutal, trop drogué, trop incontrôlable.
Avec tous ces éléments de départ, Matteo Garrone dresse dans la première partie de son film le portrait d’un homme qui peine à s'affirmer dans un environnement où le bonheur ne semble pas avoir sa place. Le cinéaste a dans un premier temps la bonne idée de ne pas trop en dire. Il préfère observer son héros, en saisir la fragilité, la bonté, mais également le paradoxe : c’est parce qu’il cherche à se faire trop aimer de tous qu’il pratique quelques méfaits ou qu’il accepte l’amitié d'un homme qui ne la mérite pas. Mais après en avoir dit beaucoup par petites touches, Garrone se perd ensuite un peu dans sa propre logique.
Lorsque arrive l'humiliation, la trahison, l’isolement; lorsque le petit toiletteur pour chiens (bien meilleurs que les hommes!) décide d'arrêter de subir, lorsqu’il ne veut plus suivre le courant et que vient le temps de prendre les choses en main, Matteo Garrone fait comme son personnage : il semble tellement savoir où il va qu’il finit par perdre le contrôle. Les petits riens laissent la place à une intention unique, sans rien pour la contrebalancer, pour la nuancer. Le film tourne alors un peu en rond dans sa certitude de vouloir nous amener à sa chute.
Alors que la première partie était d'une grande maîtrise dans l'observation de l’humain, la seconde fait perdre au film ce qui en faisait la force. Dogman devient ainsi un film de vengeance prévisible… mais également extrêmement bien filmé, ce qui lui permet fort heureusement de continuer, sur un mode mineur, à susciter l’attention du spectateur.
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