Réalisateur: Ismael Ferroukhi |
Huit ans après Les hommes libres, le réalisateur français d’origine marocaine Ismael Ferroukhi retourne à ses racines avec Mica, un beau drame sportif à propos d’un enfant issu d’un bidonville de la banlieue de Meknès qui se retrouve propulsé comme homme à tout faire et découvre une passion pour le tennis. Mais le principal enjeu de ce film empli d’humaniste n’est pas tant le sport en tant que tel, mais le parcours que fera le personnage-titre afin d’y parvenir. Le réalisateur dresse un portrait de cette jeunesse appauvrie et sans avenir dont le destin semble dessiner d’avance. Sans tomber dans le piège du misérabilisme, il propose un récit d’apprentissage à la dure (humiliations, brimades, punition corporelle) auquel est confronté le petit Mica (Zakaria Inane, un jeune non professionnel qui fait ses débuts bouleversants au cinéma). Il sera ensuite aidé par le gardien du club de tennis (Azelarab Kaghat) puis par une ex-championne (Sabrina Ouazani, excellente) qui va le prendre sous son aile et lui montrer les bases du jeu.
Même si le film emprunte certains clichés associés au drame sportif en seconde partie, il renvoie également un peu au cinéma iranien (en particulier celui de Jafar Panahi) dans sa façon de traiter des inégalités et l’absence de liberté tout en proposant une belle leçon d’humilité sur le passage à la rude de l’enfance à l’âge adulte. Attentive, la mise en scène de Ferroukhi se cache souvent derrière son sujet et évite le mélodrame et le didactisme. En refusant la fuite vers l’Europe. Mica trouve d’abord cette quête de liberté par lui-même et par ses choix décisifs en lien avec son avenir.