24 septembre 2021

★★★½ | Petite fille

Réalisation: Sébastien Lifshitz | Dans les salles du Québec le 24 septembre 2021 (Cinéma du Parc)

Un an après Adolescentes, Sébastien Lifshitz revient avec un nouveau documentaire: Petite fille. Cependant, le titre est (à première vue) trompeur et le film n'est pas à l'enfance ce que le précédent était à l'adolescence. Sasha est en effet née garçon, mais du haut de ses huit ans, et depuis déjà de longues années, elle se sent fille plus que garçon. La force de Lifshitz est de tirer profit de son précédent film pour trouver d'emblée le bon angle, la bonne distance, la bonne approche. Cela lui permet, avec une grande sensibilité, de restituer le désir (et les craintes) d'une enfant, l'amour (et l'inquiétude, voire le sentiment de culpabilité) des proches, mais aussi l'incompréhension de l'entourage (principalement scolaire).
Très beau film sur l'amour d'une famille pour un de ses membres "différent" des autres, Petite fille aborde aussi un sujet de plus en plus souvent traité au cinéma (voir à ce sujet Girl, par exemple), mais le fait en traitant "l'avant", c’est-à-dire avant le début du traitement hormonal ou de la possibilité d'une chirurgie. Pour Sasha, l'autorisation finalement reçue d'aller à l'école avec des vêtements de fille est vue comme un aboutissement. De son côté, la mère sait que ce n'est que le début d'un parcours du combattant à venir. Cette opposition entre la joie enfin rencontrée par l'enfant (qui vit dans le moment présent) et l'inquiétude d'une mère (qui se projette déjà dans l'avenir) est bouleversante.
Il faut rendre grâce à Sébastien Lifshitz d'avoir su nous donner suffisamment d'éléments, dans un respect permanent pour les protagonistes, pour nous aider à comprendre un peu mieux ce phénomène complexe et l’importance du rôle à jouer par l’entourage des personnes concernées.
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