24 septembre 2021

★★★¾ | Maria Chapdelaine

Réalisation: Sébastien Pilote | Dans les salles du Québec le 24 septembre (MK2 | Mile End)
Après une longue attente et des reports covidiens, il est enfin temps d'accueillir sur nos écrans le très attendu Maria Chapdelaine. Trois ans ont passé depuis La disparition des lucioles, et Sébastien Pilote nous revient avec l'adaptation d'un livre marquant de notre littérature, qui est également une œuvre ayant traversé la filmographie du cinéaste depuis ses débuts (pour en avoir le cœur net, lire à ce sujet Voir disparaître).
Dès les premières images, on comprend que Pilote est ici dans son élément. Aidé par la magnifique photo de Michel La Veaux, il restitue la vie de la ferme dans le Québec du début du XXe siècle avec un beau sens du détail et une force impressionnante.
Au rythme des saisons, il observe les travaux des champs, les petits plaisirs (de la cueillette des bleuets aux veillées avec le voisinage), les inquiétudes (les proches qui partent de longs mois pour effectuer des tâches difficiles et dangereuses), les drames (la mort de ceux qu’on aime), les espoirs (les promesses de la vie moderne aux États) et finalement l’attachement au sol et aux traditions.
En plus de nous livrer tout cela avec un sens de la mise en scène qu'on lui connaissait peu, Pilote livre surtout un superbe portrait d'une jeune femme volontaire, réfléchie et réservée, parfaitement incarnée avec un mélange de force et de la maladresse propre à l'adolescence par Sara Montpetit. Sa prestation donne une force à sa Maria, qui, même si elle est effacée et parle peu, devient un des plus beaux personnages féminins du cinéma québécois de ces dernières années.
Alors certes, l'idéalisation de la vie des champs et le discours conservateur parfois un peu trop insistant peuvent agacer... mais d'une part, il était difficile de s'en passer en raison du sujet (quand on adapte Maria Chapdelaine, on assume), mais surtout la maîtrise de Pilote est si parfaite qu'on peut aisément décider de faire fi de ces sources (mineures) d'agacement.
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