25 février 2022

★★★ | Illusions perdues

Réalisation: Xavier Giannoli | Dans les salles du Québec le 25 février 2022 (Les films Opale)
Illusions perdues a (globalement) ravi le public et la critique française, arrive en tête dans la course aux César avec 15 nominations (dont meilleur film et meilleure réalisation) et débarque aujourd’hui dans les salles québécoises.
Cette étude de mœurs adaptée de Balzac a en effet beaucoup pour plaire à un public très large, à commencer par un scénario concocté par Giannoli lui-même, associé au très expérimenté et talentueux Jacques Fieschi. Les scénaristes reprennent le regard critique de Balzac sur ses contemporains,  l’ajustent aux besoins du cinéma (et à notre époque) et alternent habillement les scènes en voix hors champs (parfaitement illustrées par la mise en scène de Giannoli) et les scènes dialoguées avec talents et servies par une batterie de comédiens inspirés. La mise en scène, très rythmée, suit la dynamique scénaristique et entraîne le spectateur dans ces 2 heures 30 de divertissement de qualité qui conserve d’un bout à l’autre son regard critique sur les dérives de la société où l’appât du gain est omniprésent et où l’argent achète tout. On pourra cependant reprocher à Giannoli quelques facilités dans son insistance (parfois maladroite) à tracer un parallèle entre l’époque décrite par Balzac et notre XXIe siècle… mais peut-être était-ce le prix à payer par le cinéaste pour avoir la certitude de toucher le plus grand nombre en étant sûr de bien faire passer son message. Toutefois, avouons-le, cette petite réserve n’est pas suffisante pour gâcher notre plaisir, certes modeste, mais indéniable.
Autorisons-nous pour finir une petite parenthèse québécoise. Si nous avons souvent été très critiques à l’égard de l’acteur Xavier Dolan (sauf, dans certains cas, lorsqu’il joue dans ses propres films), signalons qu’il trouve ici, dans le rôle de l’écrivain monarchiste hautain, un rôle dans lequel il excelle. Il fait preuve d'une subtilité de jeu auquel il ne nous avait pas habitués, et apporte à son personnage une  fragilité nuancée et assez émouvante.
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