Réalisation Céline Sciamma | Dans les salles du Québec le 13 mai 2022 (Entract) |
Dès le départ, les images très sobres sont mises au service des personnages (une mère et sa fille font face au deuil de leur mère / grand-mère). Sciamma observe et nous offre de beaux moments de complicité (ce qui est déjà beaucoup) mais soudain le film bascule dans un fantastique minimaliste, filmé le plus modestement du monde, comme si sa proposition pourtant invraisemblable ne faisait aucun doute. La simplicité de la démarche, des décors (une vieille maison bordée d’une forêt), des actrices (deux petites filles qui évoluent sous la caméra sans vraiment « jouer ») mais également l’apparent refus des développements narratifs trop complexes font que cela fonctionne à merveille. Sciamma construit en effet son scénario comme s’il ne se passait pas grand-chose… comme si permettre une rencontre qui relève de l’impossible n’était pas un élément sur lequel il fallait insister (ni douter!).
Alors l’improbable devient possible, et le film transforme progressivement sa délicatesse en grâce et nous permet, l’air de rien, d’imaginer que peut-être, quelque part, grâce à la magie du cinéma, il est possible de devenir l’espace de quelques jours l’ami du même âge d’un parent redevenu enfant, ou de dire au revoir, l’air de rien, à une grand-mère récemment disparue.
Finalement, sur un mode faussement mineur, Petite maman est un grand film sur l’enfance, les liens entre les générations et le deuil... le tout en 1 h 13. Superbe!