6 mai 2022

★★★½ | Vortex

Réalisateur: Gaspar Noé | Dans les salles du Québec le 6 mai 2022 (Cinéma du Parc)
Plus la filmographie de Gaspar Noé se développe, plus elle devient passionnante et cohérente, même lorsque ses films ne sont que partiellement convaincants (ce qui est souvent le cas… ).
On pourrait pourtant facilement se dire que Vortex est l’antithèse de ses films précédents (une histoire centrée sur un couple de vieillards; une mise en scène presque naturaliste, dénuée d’effets graphiques, visuellement proche d’un documentaire). Mais il n’en est rien : après quelques secondes, Noé nous propose un petit effet de style comme il les aimes : ici, un split screen scindant l’écran en deux mondes, en deux solitudes, et qui traduit la rupture générée par les déficiences cognitives de l’épouse. Noé reste également fidèle à ces thèmes (la déchéance, la mort, la séparation, la dépendance…), à ses faiblesses (des dialogues ou des développements narratifs souvent maladroits, presque naïfs, même s’ils sont rares) et à quelques facilités exercés cependant avec un certain talent (dans les dernières minutes principalement, avec ces images qui se voudraient trop ostensiblement marquantes).
Mais à côté de tout cela, il y a quelques moments sublimes (dont une discussion à trois sur un avenir incertain), une Françoise Lebrun et un Alex Lutz excellents (oublions le grand Dario, qui est plus à l'aise derrière la caméra), et surtout l’évidence, à chaque instant : du caractère écorché vif du cinéaste ; de sa peur de la déchéance, de la mort, de la séparation (bis repetita) ; de l’importance de la création pour (se donner l'illusion de) lutter contre l’inéluctable fin. C'est d'ailleurs plus pour cela que Vortex est bouleversant.
Et s’il était moins un film sur la séparation d’un couple par la mort qu'un film sur les doutes existentiels de Noé, dans le prolongement d'une œuvre hautement cohérente et indispensable, malgré les petits agacements qu’elle peut parfois susciter?
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