Réalisation : Jacquelyn Mills | Sortie dans les salles du Québec le 16 décembre 2022 (Eyesteel Films) |
Armée d'une caméra 16mm, la cinéaste propose un double portrait: celui du territoire ainsi que celui de la femme qui l'habite depuis des années. Le film se déploie à la manière d'une expérience visuelle et sensorielle. On a presque l'impression d'explorer le lieu en temps réel, et ce, malgré la structure narrative qui est tout sauf linéaire. On se retrouve à la limite entre l'errance et une visite guidée. On pourra entendre par moment des bribes de conversations entre la cinéaste et Lucas ou la voix de la protagoniste enregistrée lors de conférences pendant lesquelles elle explique la méthodologie derrière son travail (qui est en soi très tactile).
Cette matérialité du geste et des rituels se retrouvent dans la technique utilisée pour tourner le film. La cinéaste a fait le choix d'exposer, d'enterrer et de développer une partie de la pellicule avec des éléments naturels de l'île, ce qui engendre des images hors du commun.
Malgré la beauté des paysages et de la faune, on demeure à l'opposé du film carte postale. On soulignera d’ailleurs la précision du montage et de la bande sonore qui donnent vie à l'île tout en nous révélant l'importance du travail qu'accompli Lucas. Geographies of Solitudes est impossible à fixer dans le temps. On se réfère à la fois au passé, au présent et à l'avenir en soulevant des réflexions pertinentes sur notre responsabilité face à la crise environnementale.