20 octobre 2023

★★★ | Killers of the Flower Moon (La Note américaine)

Réalisation: Martin Scorsese | Dans les salles du Québec le 20 octobre 2023 (Apple TV+)
À l’évidence, Scorsese est sincère et le sujet de Killers of the Flower Moon lui tient à cœur (suite à la découverte de gisements de pétrole sur les terres de la nation Osage, ses membres meurent les uns après les autres dans l’indifférence générale). Cela se ressent dans sa manière de dépeindre cette communauté autochtone, de la représenter, de la respecter. Il est également sincère dans sa façon de parler de son pays et de certains épisodes sombres du passé, sans la moindre concession ni aucune volonté de simplification manichéenne. Malheureusement, au-delà de ces bonnes intentions, le film n’est pas le plus habile de son réalisateur, comme s’il était étouffé par le poids de son sujet. La mise en place est particulièrement laborieuse (surtout quand on connaît l’habileté habituelle du cinéaste pour installer un sujet et des personnages), ce qui rend la première partie interminable. Heureusement, ici où là, Scorsese nous offre une idée d’écriture ou une fulgurance visuelle (les morts violentes sont filmées avec une froideur et un détachement qui nous glacent le sang, et font partie des images marquantes de la carrière du cinéaste, qui en a pourtant filmées beaucoup).
Par la suite, le processus s’inverse. Une fois les principaux éléments mis en place, le réalisateur semble plus à l’aise dans le développement du récit… même si certains bémols apparaissent. Le principal est le jeu de plus en plus caricatural de Leonardo DiCaprio, pourtant excellent acteur, qui en faut ici des tonnes, à tel point qu’il ferait presque passer De Niro pour un acteur bressonien. (Loin d’être anecdotique, cette remarque pose un réel problème, le jeu de l’acteur nous déconnectant parfois de son personnage, et donc du film, tant l’image de Marlon Brando semble se superposer à celle de DiCaprio dans la dernière demi-heure.) 
En alternant le bon et le moins bon, le cinéaste nous rappelle qu’un grand sujet peut faire un petit film. Un bon petit film, certes, mais un petit film quand même. Et qu’il soit signé du grand Scorsese n’y change rien.
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