3 mars 2017

Paterson ****

Une semaine dans la vie de Paterson, un chauffeur d'autobus de la petite ville ouvrière de Paterson dans l'État du New Jersey. Il mène une vie rangée et sans histoire avec sa conjointe et leur bouledogue. Il s'inspire de son quotidien et de ses rencontres pour rédiger des poèmes dans son carnet secret.

Réalisateur: Jim Jarmusch | Dans les salles du Québec le 3 mars 2017 (Métropole Films)

Trois ans après une rare incursion dans le cinéma fantastique (le singulier et esthète  Only Lovers Left Alive), le plus poétique des cinéastes américains actuels signe avec Paterson son meilleur film depuis Ghost Dog: The Way of the Samurai. Ce douzième long métrage de fiction marque un retour pour Jarmusch à un cinéma plus minimaliste et épuré. Le réalisateur pose un regard tendre et amoureux sur cette petite ville industrielle en décrépitude qui fut jadis la ville de grands poètes tels que William Carlos Williams et Allen Ginsberg, mais dont la figure populaire la plus célèbre est Lou Castello (avec sa statue grandeur nature et un parc à son nom) !
Le cinéaste retrouve son goût pour un personnage marginal (Adam Driver, épatant) et un cinéma plus intime qui le caractérise depuis ses débuts en 1980 avec Permanent Vacation. C'est au gré du hasard, au fil de conversations entendues ou tout simplement en mangeant paisiblement son lunch durant sa pause sous le calme d'un ruisseau que le personnage-titre trouve sa verve poétique. L'inspiration et la création sont les deux thèmes au centre de l'intrigue et la magie opère malgré l'absence d'événements majeurs ou d'éléments marquants. Plus que jamais, Jarmusch atteint un degré de sobriété extrême et une densité dans ce qu'il filme (le travail sonore est particulièrement primordial et remarquable) sans perdre son sens de l'insolite (la notion du double qui revient de manière récurrente) ou son humour décalé.
Dans le rôle de la compagne de vie un brin excentrique et rêveuse de Paterson, l'actrice d'origine iranienne Golshifteh Farahani (À propos d'EllyLes deux amis) offre un jeu pétillant et forme avec Adam Driver un des plus beaux couples vus à l'écran récemment.
Oeuvre parfaitement maîtrisée et sereine, Paterson se présente comme une petite chronique douce-amère et un reflet de l'air du temps d’une Amérique moderne et changeante. C’est aussi une fable attachante ainsi qu'une lettre d’amour à la fois tendre et irrésistible sur l'art de la poésie.
L'avis de la rédaction :

Pascal Grenier : ****
Jean-Marie Lanlo: ***
Martin Gignac: ****
Olivier Maltais: ***½
Ambre Sachet: ***½
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