4 février 2011

L’illusionniste ****½

Fin des années 50. À l’heure où le rock déferle sur le monde, un magicien parisien attire de moins en moins de spectateurs. Son exil professionnel le conduira à Londres et en Écosse, où il croisera d’autres artistes de music-hall rencontrant les mêmes difficultés. Le destin placera également sur sa route une jeune fille naïve qu’il aidera à quitter progressivement le monde de l’enfance et des illusions.

Réalisateur : Sylvain Chomet | En salles le 04 février 2011 (Métropole Films)


L’illusionniste porte indéniablement la marque de Jacques Tati. Sylvain Chomet ne s’est en effet pas contenté d'adapter un scénario du maître, mais en a également fait son personnage principal (même visage, même gestuelle, même nom). On retrouve aussi son sens du burlesque poétique qui repose sur le mouvement du corps et sa crainte face au monde qui change. Pourtant, Chomet a su ne pas se laisser étouffer par l’ombre de Tati en imposant un univers graphique très différent (traduisant le regret d’un monde passé, alors que celui de Tati exprimait la crainte d’un monde à venir). La touche de Chomet se caractérise également par l’émergence d’une poésie sombre et désabusée prenant progressivement le pas sur un burlesque qui maintenait Tati dans une lutte sans fin contre la modernité. Pour Chomet, cette douce noirceur fait figure de passage obligé pour accepter la réalité. En rejetant son monde d’illusion, le personnage principal accepte finalement les changements induits par le temps qui passe. Après le désenchantement et le renoncement, le film peut donc laisser place à l’espoir (la transmission du témoin à la génération suivante).
En peu de mots (le film est quasiment muet), Chomet se montre bien plus explicite que de nombreux films trop bavards. Vous l’aurez probablement compris, L’illusionniste n’est pas seulement un très grand film d’animation ayant su concilier deux univers personnels, c’est aussi (et surtout) un très grand film tout court!
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