Un homme et sa fille habitent une ferme isolée balayée par des vents violents. Les jours se suivent, se ressemblent, mais un jour, leur cheval refuse d’avancer.
Réalisateur: Béla Tarr | Dans les salles du Québec le 8 juin 2012 (Funfilm Distribution)
Lorsque nous avons découvert au FNC Le cheval de Turin, annoncé comme étant l’ultime film de Bélà Tarr, le fut un choc immense. Pour une rare fois, l’avis fût unanime chez les cinéphiles de notre connaissance et le film continue de les hanter depuis.
Funfilm Distribution, décidément irremplaçable dans le milieu des distributeurs québécois, permet à ceux qui étaient passés à côté de se délecter enfin de ce film à classer parmi les œuvres majeures du septième art. Récompensé lors du festival de Berlin 2011 par un Grand Prix du jury bien mérité, Le cheval de Turin est en effet un film envoûtant. À partir d’une prémisse simple (le destin d'un homme, de sa fille et de leur cheval dans une ferme soumise à des vents violents) le cinéaste hongrois se fait observateur attentif de cinq journées marquantes dans la vie de ces protagonistes confrontés à la misère et au renoncement. Les journées se ressemblent sans être pour autant identiques, et le pire n'est jamais sûr. Pour nous en persuader, les armes utilisées par Béla Tarr sont redoutables : peu de dialogues, une ambiance sonore composée d’un inquiétant et ininterrompu bruit de vent, parfois entrecoupé d'une musique répétitive et hypnotique, un noir et blanc sublime mais presque suintant de douleur et de longs plans accompagnés de mouvements de caméra à la lenteur presque imperceptible.
En restituant une ambiance graphique intemporelle, Béla Tarr nous projette hors du 21ème siècle et nous donne parfois l’impression de côtoyer Dreyer… il nous plonge surtout dans un univers profondément désespéré, déroutant, apocalyptique, mais sublime!