6 janvier 2012

Maudit soit le jour ***

Dans une ville imaginaire, à une époque indéterminée, Raoul (Sébastien Thouny) rencontre Rosa (Catherine Cédilot). Dans un même temps, le puissant industriel Bob Daniels (Bernard Parsons) contrôle la ville, les vidéomaniaques surveillent et la résistance s’organise.

Réalisateur : Emmet Walsh | Au cinéma Excentris de Montréal les 6 et 7 janvier 2012 (Les Films du 3 mars)

Maudit soit le jour est un petit film fauché réalisé en 2008, en super 16 et en français par un montréalais anglophone d’origine irlandaise. C’est surtout un plaisir de cinéaste-cinéphile qui s’est pris une grosse claque de Jean-Luc Godard lorsqu’il était étudiant (lire notre entrevue). Cela donne un résultat singulier qui déstabilisera probablement ceux qui ont besoin de s’accrocher à une histoire ou à des personnages. Ce qui compte en effet ici, c’est le cinéma, rien que le cinéma.  Visionner Maudit soit le jour, c’est entendre un réalisateur crier son amour pour son art, c’est le laisser librement jouer avec les plans, les corps en mouvement, les baisers dignes des films d’antan, les mots, leurs sonorités et les références au cinéma qu’il aime. Maudit soit le jour prend le risque d'être un peu vain, mais va cependant plus loin que l’exercice de style référentiel : en filmant une Amérique hors du temps à travers un hommage aux cinéastes européens passionnés de cinéma américain, Emmet Walsh brouille les cartes et nous entraîne dans une sorte de voyage spatio-temporel cinéphilique plutôt agréable. Vrai film pour amoureux du 7e art (qui pourra également plaire aux non cinéphiles en raison d’un traitement visuel plaisant), Maudit soit le jour a la bonne idée de ne pas surexploiter le filon référentiel et de s’arrêter avant de commencer à trop tourner en rond, c'est à dire après 68 minutes. Godard aurait pu dire : une de plus, et c’est le tête-à-queue.

Lire notre entrevue avec Emmet Walsh
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