30 novembre 2012

Ésimésac **

Dans le petit village de Saint-Élie-de-Caxton, la crise économique frappe. Ésimésac (Nicola-Franck Vachon) parvient à convaincre la plupart des habitants du village de développer un projet de jardin communautaire qui pourrait permettre à chacun de manger à sa faim. Cependant, la rumeur de l’arrivée prochaine du chemin de fer entraîne la population vers des rêves de profits immédiats, à des années lumière de leur projet collectif.

Réalisateur: Luc Picard | Dans les salles du Québec le 30 novembre 2012 (Alliance Vivafilm)

Au premier abord, Ésimésac, qui reprend les mêmes personnages que Babine, refuse la surenchère qui nuisait grandement au premier film du tandem Picard / Pellerin: les personnages sont toujours très typés et les situations incongrues, mais le jeu des acteurs est (un peu) moins caricatural, les décors moins kitsch et la photo (signée François Dutil) beaucoup plus réaliste. Les effets induits par ces petits changements de cap se font vite ressentir, mais le plaisir est de courte durée: les dialogues-calembours signés Fred Pellerin restent indigestes (“camp de déconcentration”... très drôle) et la moindre petite idée est surlignée jusqu’à provoquer l'écoeurement (en parlant des ombres des personnages: “ce qui compte, ce n’est pas la taille, c’est la façon de s’en servir”... hilarant!).
Utiliser un conte pour parler d’un problème de notre temps n’est en soi pas critiquable, à condition de faire preuve d’un peu de finesse. Ici, pour aborder les problématiques de la crise économique, de la force du collectif et de la cupidité, les auteurs ne se compliquent pas la vie en usant d’allégories, mais parlent explicitement de crise économique, de collectif et de cupidité. Cette insistance pachydermique devient embarrassante et donne l’impression au spectateur qu’on le prend pour un imbécile incapable de comprendre la moindre subtilité. Cependant, répétons-le, Esiméac est moins catastrophique que Babine.
Après Babine, nous ne voulions pas de suite. Après Ésiméac, on se mettrait presque à espérer une suite dans laquelle les excès pellerinesques seraient éliminés pour n’en conserver que le meilleur. En agissant ainsi, peut-être que le troisième épisode finira par être agréable. C’est tout ce que l’on souhaite à Fred Pellerin et Luc Picard.
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