Hana tombe sous le charme d’un camarade d’amphi solitaire et mystérieux qui s’avère être un homme-loup. De cet amour naîtront deux enfants ayant eux aussi la possibilité de se transformer en loup à leur guise. Lorsqu’Hana se retrouve seule suite à la mort accidentelle du père de ses enfants, elle part vivre en pleine campagne dans une maison isolée afin de préserver le secret familial.
Réalisateur: Mamoru Hosoda | Dans les salles du Québec le 1er mars 2013 (Excentris)
Avec Les enfants loups, Mamoru Hosoda s’attaque à un double sujet ambitieux. Dans un premier temps, le film traite du passage à l'âge adulte et de la difficulté d’être à la hauteur des nouvelles responsabilités parentales (par l’intermédiaire du personnage d’Hana) puis il s’intéresse à la découverte de l’adolescence et des premiers choix de vie qui en découlent (par l’intermédiaire des deux enfants). Ce double sujet riche et complexe est traité avec sensibilité, mais ce n’est pas tout. Viennent en effet s’ajouter des thèmes délicats comme ceux du deuil du père, de la différence ou du métissage.
Pour mener à bien son projet Mamoru Hosoda a recours à un certain réalisme. Même si Les enfants loups est une fable fantastique, le réalisateur n’a pas peur de décrire certains faits de manière crue. Ainsi, Hana tombe enceinte après avoir été montrée nue dans un lit avec son fiancé, sa grossesse est une succession de nausées et les scènes où la mère se retrouve seule avec ses enfants en bas âge n’ont rien d’idylliques. Au-delà de ce regard réaliste non bêtifiant, soulignons aussi la qualité de la narration : le film prend en effet le temps qu’il faut pour laisser les situations s’installer tout en maniant à merveille l’art de l’ellipse.
Les qualités d’écritures (et les beaux personnages qui en découlent) permettent au film de faire passer des messages sortant des sentiers battus sans se donner des allures trop moralisatrices. Si dans les contes de fées la naissance est vue comme une finalité et un accomplissement (« ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »), elle est vue ici comme le début de l'âge adulte, et donc la fin de l’insouciance pour les parents. De plus, le film montre la difficultés pour les enfants issus d’un métissage de faire certains choix (ils peuvent choisir d’adopter un mode de vie plutôt qu’un autre) et considère que le rôle des parents est de l’accepter. Bien sûr, on pourra à l’opposée reprocher un petit excès de conservatisme : dès le départ, la femme est sage et studieuse et l’homme meurt poussé par son instinct animal; à la fin, les vies choisies par les deux enfants sont du même ordre! On aurait aimé que le scénario ose sortir un peu plus de cet a priori, mais une tel regret est mineur à côté de la qualité de l’écriture et de la poésie de certaines scènes.
Prix du jury Temps 0 lors du FNC 2012, ce beau film d'animation ne bénéficiera que d’une sortie expresse à l’Excentris (en vf ou vostf). Ne le manquez pas!