5 mars 2013

DVD: The Bay **

(réalisé par Barry Levinson; DVD disponible au Québec chez Alliance Vivafilm le 5 mars 2013)

Barry Levinson avait assez d’éléments pour réaliser un documentaire sur les problèmes environnementaux bien réels de la baie de Chesapeake, Maryland. Il a préféré y inventer une ville, augmenter la dangerosité d’un parasites infectant les poissons, et nous livrer une pure fiction sous forme de found-footage.
Ce choix narratif périlleux n’est pas inintéressant dans la mesure où le réalisateur a décidé de multiplier les supports (téléphone intelligents, camescopes, reportage TV, caméras de surveillance, caméras de police embarquées, etc.), ce qui lui permet de multiplier les points de vues et de porter sur le même événement des regards tour-à-tour journalistiques, intimes, officiels, scientifiques ou militants .
Si le nom du réalisateur peut surprendre dans un premier temps, Barry Levinson possède des atouts indéniables pour ce genre d’exercice: sa grande expérience de la mise en scène associée à son expérience documentaire pouvaient nous laisser espérer une certaine rigueur indispensable à ce genre d’exercice. Malheureusement, le film peine rapidement à convaincre. Comme nombre de ses prédécesseurs, il n’évite pas les incohérences inhérentes au found-footage. De plus, sa volonté de multiplier les supports d’enregistrement vidéo le pousse parfois à multiplier inutilement les angles de caméra. Ainsi, lors de la scène du magasin d’antiquité, l’utilisation simultanée de deux caméras de surveillance, d’un camescope posé sur une table et d’une webcam nuit au procédé. Le réalisme propre au found-footage laisse ici la place à une mise en scène a priori plus classique qui aurait utilisée des caméras placées n’importe comment. Ce n’est malheureusement pas tout. Il ne parvient pas plus à nous faire part efficacement de l’incrédulité des services officiels ou du débordement des urgences. En développant avec plus de soin chacun de ces éléments au détriment de segments inutiles, Levinson serait peut-être parvenu à faire naitre suffisamment de tension pour nous donner envie de fermer les yeux sur quelques maladresses.
En se laissant déborder par la multitude de ses points de vue, The Bay nous laisse d’autant plus de regrets qu’il est probable que les mêmes éléments montés différemment auraient pu donner un résultat beaucoup plus convaincant!
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