3 mars 2013

RVCQ 2013: le bilan

Alexandra Bégin (Soft Gun)
 La 31ème édition des Rendez-vous du cinéma québécois vient de s’achever. Elle nous aura comme à son habitude permis de revoir les meilleurs films de l’an passé (Over My Dead Body, Camion, Bestiaire, Le torrent ou Rebelle (prix Luc-Perreault / La Presse du meilleur film québécois de 2012 remis par l’AQCC)).
Elle aura également servi de rampe de lancement à quelques nouveautés. Parmi elles, certaines premières œuvres étouffées par une ambition mal contrôlée nous ont déçus (Roche Papier Ciseaux, La Cicatrice). D’autres ont su au contraire aborder des sujets difficiles tout en prenant de beaux risques formels ou narratifs: Finissant(e)s (film laboratoire passionnant malgré ses faiblesses signé Rafaël Ouellet), Les manèges humains (très beau film de Martin Laroche, qui parvient à utiliser le faux documentaire pour s’attaquer de front au difficile sujet de l'excision), et surtout Le météore (véritable choc artistique et émotionnel).
Mais les RVCQ nous ont également permis de voir trois longs métrages de fiction qui n’ont pas (encore?) de distributeur. Comme nous n’aurons peut-être plus l’occasion d’en reparler, voici un bref aperçu de ces oeuvres:
- Soft Gun (Alexandra Bégin, Guillaume Collin, Jesse Kray): Soft Gun est un road movie fauché, léger, sympathique et qui respire à plein nez l'envie de faire du cinéma entre potes avec une voiture, une caméra et un peu d’argent pour l’essence. C’est d’ailleurs probablement cette envie de filmer à tout prix qui fait la force de ce petit film sympathique. La prestation assez fade de Jesse Kray étant largement compensée par celle d'Alexandra Bégin (qui en fait trop sans jamais nous lasser) et la fraîcheur de la proposition nous faisant oublier une petite impression d’immobilisme (problématique pour un road movie), l’ensemble parvient à former un tout mineur mais très agréable.
- La ferme des humains (Onur Karaman): Réalisé avec un budget 60 fois plus élevé que le précédent, La ferme des humains est un film que l'on a envie d'aimer rien que pour son sujet: deux (puis trois) glandeurs passent leurs journées assis sur des bancs à reluquer les filles, à boire et à fumer. Dans un premier temps, le réalisateur prend le temps de regarder (et d’aimer) ses personnages et assume pleinement ce qu'il sont (et font, c’est à dire pas grand chose) en les filmant en conséquence et en faisant preuve d’un réjouissant sens de l’humour. Malheureusement, Onur Karaman semble se sentir obligé de mettre en place une intrigue qui finit par s'empêtrer dans sa vacuité et qui ne parvient pas à exploiter des personnages secondaires pourtant intéressants, tout en multipliant des petits effets de mise en scène et des mouvements de caméra au mieux inutiles et au pire maladroits.
- Misogyny/Misandry (Erik Anderson): Pour son deuxième long métrage, Erik Anderson filme des gens qui parlent (principalement de sexe) pendant près d’1h20. L’exercice est difficile, mais les dialogues et les situations sont bien affûtés et les acteurs irréprochables. Pourtant, l'ensemble devient vite difficilement supportable en raison d’une caméra en incessant mouvement et enchaînant avec plaisir les plans flous sans que le procédé ne semble pour autant jamais pertinent. Les spectateurs qui réussiront à passer outre sa proposition de mise en scène trouveront probablement du plaisir à ce petit film. Cela n’a malheureusement pas été notre cas!
Les RVCQ nous auront permis de commencer à émerger de notre torpeur hivernale en nous mettant l’eau à la bouche dans l’attente des autres films québécois que nous réserve cette année 2013, parmi lesquels figurent des titres comme Vic + Flo ont vu un ours (Denis Côté), Diego Star (Frédérick Pelletier) ou Exil (Charles-Olivier Michaud).
À suivre...
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