12 avril 2013

Renoir **

En 1915, Auguste Renoir (Michel Bouquet), peintre génial et vieillissant, s’attaque à son dernier chef d’œuvre pendant que ses fils sont à la guerre. Son fils Jean (Vincent Rottiers) est démobilisé suite à une blessure et tombe très vite sous le charme de la jeune femme qui se sert de modèle à son père (Christa Theret) et qui se rêve actrice.

Réalisateur: Gilles Bourdos | Dans les salles du Québec le 12 avril 2013 (Métropole film)

Certains cinéastes décident de faire des films autour de grands noms de l’histoire de l’art. En s’attaquant à la famille Renoir, Gilles Bourdous en a choisi deux pour le prix d’un! Mais faire un film autour d’un des plus grands peintres de l’histoire de la peinture et de son fils, qui deviendra un des cinéastes majeurs du 20e siècle ne suffit pas si rien ne se passe. C'est le cas ici, même si le film aborde de nombreux sujets: la muse (qui permet au père de rester en vie et qui va inciter le fils à devenir qui l’on sait), le rapport à l’art (la modèle se croit artiste alors que le peintre génial se prétend ouvrier), les relations père / fils (aussi bien entre Auguste et Claude, le benjamin des Renoir, qu’entre Auguste et Jean), la guerre périphérique que l’on fait mine de ne pas voir malgré la présence des gueules cassées fraîchement démobilisées, etc. La liste est bien plus longue, mais énumérer les sujets ne changerait rien au problème majeur du film: aucun n’est vraiment traité. Probablement conscient de faire du surplace, le réalisateur cherche la petite étincelle qui fera démarrer son film. Il abuse alors des mouvements lents mais presque perpétuels de sa caméra, qui semble flotter sans trop savoir ce qu’elle doit filmer (ni comment s’y prendre). Il n'hésite pas non plus à trop s’appuyer sur la musique du grand Alexandre Desplat, dont la seule utilité semble être de faire diversion. Mais rien n'y fait!
Si le film déçoit fortement, il n’est heureusement pas dénué d’intérêt. Il permet en effet à Vincent Rottiers, acteur trop souvent cantonné à un même genre de rôle, de livrer une prestation sobre et attachante de Jean Renoir (défini à juste titre par Gilles Bourdos comme “un grand bourgeois qui aimait camper des faubouriens à la limite de la caricature”). Pour sa part, Michel Bouquet est une fois de plus impeccable. Gilles Bourdous, enfin, nous offre tout de même cinq très belles secondes entre Jean et la modèle de son père (un “je ne te déteste pas” dit par Christa Theret à la perfection) et à une accolade très émouvante d’une dizaine de secondes entre un père jusqu’ici glacial et son fils qui s’apprête à repartir au combat.
Malheureusement, deux bon acteurs, 15 belles secondes et un nombre pléthorique de thèmes intéressants mais mal exploités n’ont jamais fait un film réussi!
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