5 mai 2013

Vues d'Afrique 2013: Le bilan

Le 29e festival international de cinéma Vues d’Afrique de Montréal aura donné l’occasion aux festivaliers de voir des films courts et longs, documentaires ou de fiction, et de participer à des rencontres ou des discussions autour des films présentés.
Nous nous sommes pour notre part intégralement consacrés aux longs métrages de fiction de la sélection internationale, et notre bilan ne concernera donc que cette section. Avouons-le d’emblée, nous sommes restés un peu sur notre faim et n’avons pas fait de découvertes majeurs comme lors des dernières éditions.
Nous avons cependant eu droit à une bonne surprise. Le film égyptien Winter of Discontent (réalisé par Ibrahim El Batout), même s’il n’a pas remporté de prix, est probablement le meilleur film de cette année. Il traite sans manichéisme des événements politiques égyptiens récents vus à travers les yeux d'un membre de la sureté de l'état, d'une journaliste qui cherche à être indépendante et d'un ancien prisonnier politique. L’ensemble possède de belles qualités (éclairage soigné, mise en scène très réfléchie, excellents acteurs, narration bien maîtrisée, dialogues rares mais précis) et le regard extérieur qu’il pose sur les manifestations de la place Tahrir est assez judicieux (il est d’ailleurs amusant de constater la réussite avec laquelle le réalisateur, pourtant documentariste spécialisé dans les zones de guerre, parvient à s’éloigner de l'épicentre des tensions pour observer sa périphérie).
Un autre film de qualité était également présenté (Rengaine, un film français de Rachid Djaïni), mais il n’est en rien une découverte puisqu’il avait été présenté dans le cadre du FNC il y a quelques mois. Le film (qui a obtenu une mention spéciale et un prix du meilleur acteur remis à Slimane Dazi) met en scène un jeune noir chrétien de Paris désirant épouser une jeune maghrébine dont les frères sont très attachés aux traditions. D’une belle fraîcheur et d’une belle vivacité, le film traite son sujet de société avec humour. Malheureusement, le cadre trop serré et trop agité, en voulant ajouter au film une petite touche de vécu, agace plus qu’il ne convainc vraiment.
Nous compléterons le podium avec Virgin Margarida (film mozambicain réalisé par le brésilien Lucinio Azevedo). Son sujet est intéressant (la rééducation par le nouveau pouvoir communiste des prostituées après la fin de la colonisation), la morale est pleine de bon sens (un mauvais régime peut être renversé par un autre qui l'est tout autant), le casting est convaincant (Le Prix de la meilleure actrice a d’ailleurs été remis à Iva Mugalela) et le film est techniquement irréprochable. Par contre, nous regrettons fortement que le scénario n’ait pas su tirer profit de son sujet. Les intentions louables et les quelques qualités suffisent cependant à rendre l'ensemble acceptable, mais il ne méritait peut-être pas le Prix de la Communication interculturelle qui lui a été remis.
Nous avons enfin envie de citer un film mineur, mais agréable: Paradis Amers (film français réalisé à Mayotte par Christian Faure). Le film traite avec une belle sensibilité d’un grand nombre de sujets (amour interracial, éveil à l’amour chez l’adolescent, homosexualité, vie des expatriés, incompréhension entre adolescents et parents, séparation, mort, héritage, regard critique sur la société de consommation, filles-mères, avortement). L’ensemble est assez naïf, mais cela est justifié par la nature du personnage principal: un adolescent forcément utopiste! À l'arrivée, film n'est peut-être pas exceptionnel et va parfois un peu trop loin dans le pathos, mais n'est pas dénué de charme. S’il aurait peut-être fait pâle figure au FNC ou à Cinémania, il figure parmi les bons films de cette édition qui nous proposait également quelques films trop faibles pour qu’on y revienne: Le Collier du Makoko, Kedach Ethabni, Les Mécréants et La République des enfants (les deux derniers films cités confirmant une fois de plus que les bonnes intentions et l’ambition ne font pas forcément de bons films!).
Nous souhaitons de tout cœur à Vues d’Afrique que, pour la 30ème édition l’an prochain, le festival nous déniche une belle surprise de la trempe de Sur la planche, excellent film marocain proposé ici même l’an dernier!
À suivre...
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