3 mai 2013

Wrong **½

Dolph (Jack Plotnick) vient de perdre son chien. Il s’entretient au téléphone avec une vendeuse de pizza (Alexis Dziena) pour penser à autre chose, règle des problèmes de palmier devenu sapin avec son jardinier (Éric Judor) et croise le mystérieux Master Chang (William Fichtner) qui semble en savoir beaucoup sur le comportement des chiens.

Réalisateur: Quentin Dupieux | Dans les salles du Québec le 3 mai 2013 (Eyesteelfilm)

Si l’absurde vous rebute, passez votre chemin. Avec Wrong, Quentin Dupieux (Rubber) vous plonge d’emblée dans son univers absurde et poétique. L’invitation est d’ailleurs très prometteuse tant les premières minutes sont un pur bonheur. Le réalisateur y pousse la description du quotidien d’une petite vie de banlieue dans ses derniers retranchements en nous montrant avec humour et bon sens à quoi ressemblerait la vie si nous ne trompions ni les autres, ni nous-mêmes. Cela lui permet de porter un regard sans concession sur les relations avec le voisinage, l’importance de l’image dans la communication commerciale ou l’usage du téléphone comme rempart à l’irruption dans la vie privée.
Malheureusement, après cette introduction, le film dérape un peu en perdant la maitrise de son sujet. Certes, Jack Plotnick donne à son personnage une humanité inquiète remarquable, les autres acteurs sont également complètement en phase avec le ton du film (à la fois réaliste et complètement décalé), le travail sur l’image est particulièrement réussi (plans fixes aux cadres légèrement anti-académiques et image très sobre contribuent à donner au film ce sentiment de réalisme étrange). Par contre, certaines propositions narratives ne sont pas à la hauteur et l’ensemble peine à se développer sans s’embourber dans son délire. Quentin Dupieux a certes la bonne idée de ne vouloir être ni Lynch ni Buñuel (même si on y pense parfois), mais son univers personnel n’a pas la force que possède ces deux cinéastes. Du coup, il ne parvient pas à faire de ses idées (souvent excellentes) un tout cohérent.
Le demi-échec de l’entreprise est d’autant plus regrettable que la démarche nous plaît beaucoup. D’ailleurs, nous avons envie d’en conseiller le visionnement aux plus cinéphiles, histoire d’inciter des distributeurs comme Eyesteelfilm à continuer de nous proposer des films sortant des sentiers battus.
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