Danko Babik (Rene Bitorajac, déjà fortement remarqué dans No Man’s Land) est un obstétricien beau, blond, musclé, séducteur et plein d’avenir. Sa soif de réussite et son goût du luxe le poussent à tout pour réussir. Mais où s’arrêtera-t-il?
Lorsque Fantasia nous propose un film titré Vegetarian Cannibal, on peut s’attendre à un nouveau délire à l’humour bien gras. Il n’en est pourtant rien! Avec sa caméra très mobile scrutant le moindre geste de son héros, nous comprenons vite que Branko Schmidt joue plutôt la carte du réalisme. Très vite aussi, nous comprenons que malgré ses allures de playboy qui se plaît à briller en société, le personnage principal est particulièrement immonde. Faux, méprisant, ne tolérant pas qu’on refuse ses avances, corrompu et corrupteur, prêt à toutes les ignominies pour réussir et s’enrichir, Danko Babik est, sous ses airs de gendre idéal, l’exemple même du collègue (ou du médecin) que l’on n’aimerait pas avoir. En portant un regard sans la moindre nuance sur un homme, et à travers lui sur l’ensemble de la société (ses complices sont aussi bien mafieux que flics ou médecins légistes), le réalisateur scénariste Branko Schmidt prenait le risque de trop en faire et de noyer le spectateur dans un déluge de noirceur trop désespérée pour être possible. Pourtant, il parvient à ne jamais dépasser les bornes du réalisme et se permet même de nous montrer un personnage devenant de plus en plus crédible à mesure que ses actes deviennent de plus en plus répréhensibles. Les raisons de cette belle réussite sont probablement à mettre au crédit d’un récit extrêmement sobre (au développement d’une logique presque implacable), d’une mise en scène au réalisme presque oppressant, mais également de la performance de Rene Bitorajac, impressionnant en ordure aux allures d’ange irrésistible.
Après la Serbie de Clip (vu au FNC l’an dernier), c’est maintenant au tour de la Croatie de nous montrer un visage de l’ex-Yougoslavie peu réjouissant, pour ne pas dire franchement déprimant...
Et maintenant, à qui le tour? On attend la Bosnie de pied ferme!