Lorsque Billy (Tom Burke) se fait massacrer avec la bienveillance de la police par le père d’une prostituée qu’il a assassinée, sa mère (Kristin Scott Thomas) demande à son autre fils (Ryan Gosling) de le venger.
Réalisateur: Nicolas Winding Refn | Dans les salles du Québec le 19 juillet 2013 (Les Films Séville)
Techniquement, Only God Forgives est irréprochable. Les moyens artistiques déployés pour nous entraîner dans ce qui ressemble à un rêve sont parfaitement maîtrisés: lents mouvements de caméra, cadre précis, lumière aussi irréelle que visuellement splendide (signée Larry Smith), direction d’acteurs tout en déplacements lents et en apparent détachement. À l’arrivée, le film ressemble à un ballet improbable où la violence est omniprésente. Cette impression d’abstraction quasi onirique est magistralement renforcée par la musique de Cliff Martinez qui contribue à propulser le spectateur en quasi apesanteur.
Pourtant, une somme d’éléments parfaitement maîtrisés et d’une grande cohérence artistique ne donne pas toujours un film exceptionnel. Only God Forgives fascine, impressionne même par moment tant chaque plan est magnifique, mais ce rêve thaïlandais ne parvient que partiellement à nous happer. En introduisant une mère ignoble (Kristin Scott Thomas à qui Nicolas Winding Refn offre un contre-emploi en or) et des relations mère-fils on ne peut plus troubles (et donc passionnantes) sans prendre le temps de s’y intéresser vraiment, le réalisateur suscite des attentes qu’il ne parvient pas à combler. Entre l’abstraction quasi onirique d’une part et le conte de fée avec ses personnages très typés (et lourds de sens) d’autre part, Nicolas Winding Refn semble ne plus trop savoir où il va. Certes, les deux ont de quoi passionner les adaptes de psychanalyse mais à force de passer de l’un à l’autre, Only God Forgives finit par égarer le spectateur dans un no man’s land d’une autre dimension.
Only God Forgives n’est donc probablement pas la grande réussite que nous aurions aimé voir... mais ses qualités artistiques nous poussent à ne pas trop faire la fine bouche. Des demi ratages de la sorte, on accepterait volontiers d’en voir toutes les semaines!