4 octobre 2013

Une jeune fille ****

À la mort de sa mère, Chantal (Ariane Legault), une adolescente taciturne, quitte sa morne existence et son père qu’elle n’aime pas pour aller en Gaspésie. Elle y rencontre un fermier guère plus loquace (Sébastien Ricard) qui lui offre de travailler avec lui sur sa ferme.

Réalisatrice: Catherine Martin | Dans les salles du Québec le 4 octobre 2013 (K-Films Amérique)

Dès les premiers instants, nous sommes impressionnés par la beauté et la précision des plans, dont le sentiment d’étouffement est accentué par la grisaille ambiante et l’absence quasi permanente de soleil. Cependant, si les images sont magnifiques, elles affaiblissent dans un premier temps les personnages qui ressemblent presque à des être sans vie.
Pourtant, progressivement, les choses évoluent. Les personnages s'intègrent petit à petit à l’image, interagissent avec elle, s’en nourrissent autant qu’ils se nourrissent de leur environnement, c’est à dire de la ferme, de la forêt, du ciel, des paysages.
Après une heure de film, Catherine Martin nous offre un plan aussi simple et beau que riche de sens. Chantal est sur un chemin de campagne au milieu de la forêt. Comme depuis le début du film, pas une ombre n’est présente tant les personnages évoluent dans une grisaille constante. Soudain, au loin, le soleil apparaît, des ombres se forment aux pieds des arbres, puis autour de Chantal. Même si l’hiver approche le soleil ne partira plus. L’image se fera plus lumineuse comme si cet environnement, mais aussi la présence de l’autre (qui est d'ailleurs presque le prolongement de la nature tant il est attaché à sa ferme et à sa forêt) apportait à la jeune fille une raison de retrouver foi dans la vie.
Avare de dialogue, s’appuyant sur un 35 mm couleur sublime signé Mathieu Laverdière et sur deux acteurs superbement complémentaires, Une jeune fille parvient à émouvoir par son humanité dénuée du moindre pathos et par la beauté de deux êtres qui se donnent réciproquement une nouvelle envie de vivre.
Si tout cela ne s’appelle pas la grâce, nous n’en sommes pas loin!
SHARE