21 mars 2014

Saveurs indiennes / Lunchbox (Dabba) ***

Une femme (Nimrat Kaur) dont le couple semble vaciller prépare tous les midis le repas de son mari en y prenant le plus grand soin, espérant ainsi le reconquérir. Elle s'aperçoit cependant assez vite que le service de livraison fait quotidiennement la même erreur en envoyant la boîte repas à la mauvaise personne, en l'occurrence un employé de bureau bientôt retraité (Irrfan Khan). Par l’intermédiaire de petits mots glissés avec les repas, une relation commence entre eux.

Réalisateur: Ritesh Batra | Dans les salles du Québec le 14 mars 2014 (Métropole Films Distribution)

Lorsque l’on parle de comédies romantiques indiennes, on pense souvent aux excès bollywoodiens. Il est donc bon de préciser tout de suite aux cinéphiles allergiques aux kitscheries asiatiques que Saveurs indiennes n’est absolument pas dans ce registre. Au contraire, cette délicieuse comédie romantique est d’une grande délicatesse.
Le point de départ est très exotique puisque l’intrigue repose sur un système de livraison des lunchs utilisé par les employés indiens. D’après l'Université Harvard, qui a étudié le phénomène, seulement un repas sur un million est livré à la mauvaise adresse… c’est justement ce repas qui permet au film d’exister! 
Progressivement, à partir de ce fait hautement improbable, l’auteur nous propose une intrigue parfaitement réglée et crédible qui permet à deux individus qui ne se connaissent pas d’entamer une conversation épistolaire, point de départ d’un beau double portrait mais également d’une intrigue sentimentale sensible qui ne néglige jamais de porter un regard bien plus large sur la société indienne (les rôles joués par le collègue de l’homme et l’époux de la femme sont à ce titre très importants).
Pour arriver à ses fins, le réalisateur opte pour une approche d’une autre époque. En insistant sur l’absence d’échange par email ou texto, mais en mettant en avant le plaisir d’écrire sur une feuille de papier dissimulée dans une boite repas, il fait de l’écriture un acte presque charnel (découvrir la lettre, la cacher dans sa poche lorsque quelqu’un arrive, la déplier délicatement, etc.). Tout ce travail autour de l’objet de papier confère au film un ton délicieux.
Au final, son histoire fortement ancrée dans une culture très différente de notre univers occidental parvient à saisir l’essence de ses personnages et de leurs sentiments pour nous livrer une oeuvre universelle, intelligemment écrite, bien maîtrisée, et d’un charme enchanteur!
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