6 juin 2014

La bataille de Solferino **

Le jour du deuxième tour des élections présidentielles françaises de 2012, Laetitia (Laetitia Dosch) est chargée par sa chaîne d’information en continu de couvrir l'événement depuis la rue de Solférino, où siège le Parti Socialiste de François Hollande. Pendant ce temps, l’ex compagnon de Laetitia (Vincent Macaigne) cherche à voir ses enfants, restés au domicile de la journaliste en compagnie d’un baby-sitter dépassé par les événements.

Réalisatrice: Justine Triet | Dans les salles du Québec le 6 juin 2014 (Funfilm)

En partant de l’envie d'exploiter une journée particulière pour s’en servir comme toile de fond documentaire de sa fiction, Justine Triet avait choisi un angle très intéressant (les scènes de la rue de Solférino ont été réellement filmées le jour du deuxième tour de la Présidentielle française de 2012).
Si la démarche est ambitieuse, intéressante et demande une logistique complexe, nous retiendrons surtout malheureusement que la réalisatrice se montre incapable d’en tirer le moindre bénéfice. Au lieu de se laisser submerger par l’effervescence de la soirée, la réalisatrice semble ne pas assez faire confiance à sa proposition de départ et étouffe constamment le vent de liberté et d’imprévu qui aurait pu en ressortir avec des éléments fictionnels aussi insignifiants que mal maîtrisés.
Le fil conducteur narratif, qui tourne autour d’un couple divorcé et d’une garde d’enfant est en effet prétexte à d'innombrables improvisations parfois amusantes, mais donne surtout l'impression de vouloir étirer la sauce pour permettre au film de ne pas être trop court.
Ce n’est malheureusement pas tout. Non seulement tout ce qui tourne autour du sujet est longuet est inutile (voire insupportable: les 15 premières minutes), mais il devient nuisible lorsqu’il vient se greffer sur le concept initial (la réalité de la rue de Solferino le soir de l'élection de Hollande). Ces instants, de loin les plus intéressants, ne sont que survolés au profit d’une fiction bien fade et ne parviennent qu’à nous faire regretter l’incapacité de la réalisatrice à les exploiter à leur plein potentiel. Certes, La bataille de Solférino traduit une volonté de liberté, de réel, de captation de l’air du temps. Pourtant, à l’arrivée, nous ne retrouvons rien de tout cela mais juste une idée gâchée pour un résultat d’un ennui impardonnable!
Les amateurs de liberté et de Vincent Macaigne feraient mieux de voir le délicieux La fille du quatorze juillet, excellent premier long de Antonin Peretjatko. Certes, le film n’a toujours pas été distribué au Québec, mais il s’agit d’un autre problème... Avis aux distributeurs!!!
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