9 octobre 2014

FNC 2014: Test (Ispytanie) ****

Réalisateur: Alexander Kott

Dès le début du FNC, les programmateurs frappent un grand coup en nous présentant Test, le nouveau film du réalisateur de La bataille de Brest-Litovsk. Sur le papier, le film avait tout pour faire craindre le pire: une histoire plus que minimaliste, une absence totale de dialogues et un parti pris visuel qui aurait pu le faire sombrer dans le maniérisme indigeste. Très vite pourtant, la force des images fascine… et parviendra à exercer ce pouvoir jusqu’au bout en raison de l’intelligence de la mise en scène.
Refusant de se laisser enfermer dans un système de captation de la beauté (de ses paysages, de ses personnages, de sa lumière), Kott parvient toujours à nous surprendre en usant des moyens cinématographiques les plus pertinents mis à sa disposition: un plan fixe, un travelling, une caméra portée… mais aussi une scène onirique, une scène plus burlesque, une scène de gladiateur moderne digne à la fois de North By Northwest et de Ben-Hur. Kott semble toujours faire les bons choix au bon moment, si bien que ses images finissent par nous captiver avec une telle efficacité qu’elles nous projettent littéralement aux côtés de ses personnages. Le spectateur se retrouve ainsi au milieu d’un monde dans lequel il ne se passe presque rien, pas même des échanges de mots… ce qui n’empêche ni l’amour ni les drames. Mais comme l’héroïne, nous comprenons que dans un tel monde, rien ne sert de ne pas accepter les événements qui viennent troubler le bon déroulement des choses. Comme elle, nous vivons la mort d’un proche avec un apparent détachement, comme elle, nous acceptons le choix que le coeur nous indique, et comme elle, nous acceptons cette fin aussi terrifiante que sublime.
Uniquement grâce à la force de ses images (et à la qualité de sa bande son, dont le rôle n’est pas négligeable), Kott nous projette dans une autre vie. Il nous propose surtout un cinéma total, fait uniquement d’images et de sons mais dénué de dialogues. Il nous donnerait d’ailleurs presque l’impression qu’une ligne de dialogue ne sert qu’à nous faire oublier la force de l’image. Heureusement, le FNC nous rappellera très vite que ce qui est vrai ici ne l’est pas ailleurs, et qu’une évidence à propos d’une oeuvre n’a pas forcément de sens pour une autre!
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