17 octobre 2014

L' Amour est un crime parfait ***

La disparition d’une jeune fille bouleverse la vie de son professeur de littérature (Mathieu Amalric).

Réalisateurs: Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu | Dans les salles du Québec le 17 octobre 2014 (Métropole Films Distribution)

Adapter un roman de Philippe Djian se fait toujours à ses risques et périls. Si Jean-Jacques Beineix a totalement réussi le pari avec son magistral 37,2 le matin, André Téchiné a sûrement offert son pire long métrage en carrière avec Impardonnables.
Voulant à tout prix éviter cet affront, les frères Larrieu ont respecté les codes du récit, mais en s’abreuvant constamment à la source du film noir ironique et sarcastique, entre satire sociale et farce absurde. L’ombre d’Hitchcock, de Chabrol et de De Palma plane donc sur cette production parsemée de fils blancs et d’invraisemblances, mais qui s’avère férocement divertissante avec son humour ravageur et ses dialogues irrésistibles.
Derrière une mécanique bien huilée, une réalisation particulièrement soignée et sophistiquée, des décors enchanteurs et une distribution impeccable (Mathieu Amalric, acteur fétiche des cinéastes, mais également Karin Viard, Maïwenn, Denis Podalydès et Sara Forestier) se cache une réflexion sur l’amour fou et les apparences dans un univers où le voyeurisme est roi. Les références, symboles et métaphores abondent (Breton, L’âge d’or de Bunuel, Le lac des cygnes, cette cigarette qui semble être de tous les plans, le rôle de la neige, etc.) et c’est ce qui confère une profondeur et une complexité à l’ouvrage. C'est également ce qui lui permet de transcender la simple et vulgaire série B.
Film d’ambiance et d’atmosphère, L’amour est un crime parfait se veut un effort plus que ludique dans la filmographie des metteurs en scène (il vaut Le voyage aux Pyrénées, mais certainement pas Peindre ou faire l’amour et Les derniers jours du monde). Il y a néanmoins de quoi passer un bon moment, surtout en guise d’apéritif à l’excellent et supérieur Gone Girl de David Fincher (même si toute la rédaction n'est pas de cet avis à propos du Fincher, ndlr).
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