9 janvier 2015

Inherent Vice (Vice caché) ***

En 1970, Larry « Doc » Sportello (Joaquin Phoenix), un détective privé paumé, est sollicité par son ex-copine pour l’aider dans un coup impliquant un riche magnat du logement et sa femme. L’affaire se complique et rapidement Doc se trouve sur la trajectoire de Christian F. « Bigfoot » Bjornsen (Josh Brolin), un détective strict qui ne le voit pas d’un bon œil.

Réalisé par Paul Thomas Anderson | Dans les salles du Québec le 09 janvier 2015 (Warner)

On sort pantois du dernier film de Paul Thomas Anderson. Le réalisateur adapte ici un roman de Thomas Pynchon pour un résultat brouillon et confus (ce qui semble cependant être son intention). Inherent Vice apparaît comme une sorte d’hybride à la croisée des chemins entre les films noirs inspirés par les romans de Chandler et les trips d’acide d’un Hunter S. Thompson. On retrouve d’ailleurs plusieurs des sensibilités de ce dernier, notamment dans l’étrange sensation de paranoïa présente et par l’égarement des personnages.
Le spectateur risque aussi de ressentir cet égarement tant le récit ne fait aucun effort pour être clair: Inherent Vice saute d’un ton à l’autre sans jamais se donner d’unité et ses multiples intrigues varient en importance sans logique apparente. Si l’on trouve un peu de répit dans son humour décalé qui fait souvent mouche, les passages qui semblent ouvrir des pistes émotionnelles, très beaux formellement, n’inspirent rien tant le réalisateur se détache de ses personnages. De la même façon, le film indique une volonté de vouloir élargir son discours en présentant le crépuscule d’une époque et la paranoïa qui l’entoure, mais n’approfondit jamais clairement ses idées.
Après une première vision, Inherent Vice laisse donc dans l’incertitude. Anderson fait un travail impeccable derrière la caméra et ses dialogues sont parfaitement écrits, mais soit il est lui-même incapable de cerner ses propres idées, soit il ne permet pas à ses spectateurs de faire partie du jeu.
Un film unique, donc, mais insatisfaisant aux premier abord.
SHARE