6 février 2015

L'amour au temps de la guerre civile **

Un jeune toxicomane déambule dans Montréal. Entre sa continuelle quête de substances illicites et ses rencontres amoureuses, une heureuse issue semble impossible.

Réalisateur : Rodrigue Jean   | Dans les salles du Québec le 6 février 2015 (Les Films du 3 mars)

La nouvelle œuvre du réalisateur Rodrigue Jean (Lost Song, Hommes à Louer) déroute à plusieurs niveaux. Il y a d'abord ces scènes qui en repoussant les limites de la fiction vers le documentaire pourront en choquer quelques-uns. Il y a également une lenteur, un souci de précision, une répétition des gestes qui pourrait finir par lasser. En effet, le réalisateur propose (durant près de deux heures) le portrait d'un jeune homme en manque constant. Interprété avec sobriété par Alexandre Landry (Gabrielle), ce jeune adulte en mal de vivre n'a pour seul but que d'être sous influence.
Par moments, il est difficile de voir une progression au récit et on finira par se demander ce que le réalisateur cherche à démontrer avec ce film. Ses personnages font du surplace et semblent totalement coupés du monde. La mise en scène ajoute au sentiment de détachement qui habite le film. Les artisans restent en retrait et une certaine sobriété (sans doutes recherchée) émane de l'ensemble. De plus, toute la place est laissée aux personnages, comme abandonnés à eux-mêmes, sorte d'électrons libres qui n'ont que faire des conventions narratives.
Si l'on tolère que les personnages n'avancent pas (ils ne régressent pas non plus), L'amour au temps de la guerre civile pourra être vu comme une ode à la fois belle et cruelle de la solitude. S'il y a bien un combat qui est mené tout au long du film (on passera outre les manifestations étudiantes de 2012), c'est bien cette guerre que mène le personnage principal avec lui-même. Autant il cherche à se droguer, autant il recherche le contact humain en tentant de se greffer à ceux qui croisent sa route. Hélas pour lui (et un peu pour nous), ce n'est pas une guerre qui est gagnée d'avance.
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