Elie (Evelyne Brochu) arrive comme une touriste aux îles de la Madeleine en plein mois de mars. Son attitude mystérieuse a tôt fait d’éveiller les soupçons de la communauté.
Réalisatrice : Sophie Deraspe| Dans les salles du Québec le 27 février 2015 (Les films Séville)
C’est d’abord un portrait des îles que nous offre Sophie Deraspe davantage qu’une œuvre dramatique: le regard d’une Montréalaise bien-pensante sur la chasse aux loups de mer. On y découvre le quotidien d’une population isolée qui essaie tant bien que mal de survivre pendant que des écologistes venus de loin dénoncent son gagne-pain.
La réalisatrice se garde de porter des jugements, elle s’efforce plutôt de réconcilier deux visions du Québec. À bien des égards, Elie est une immigrante qui cherche à s’intégrer à une nouvelle culture; ni touriste ni résidente permanente, son statut reste à définir. Elle inspire la méfiance, on doute de ses intentions et la communication se fait à tâtons. Montréal et les régions éloignées apparaissent comme deux nations distinctes que les images rendent de façon éloquente. Même pour nous spectateurs, tout comme pour le personnage principal, les images de banquises ensanglantées et de dépeçage évoquent l’ailleurs, l’étrangeté.
Il manque toutefois un enjeu véritable à cette histoire car à trop vouloir préserver le mystère, le scénario se perd en conjonctures. Les interactions entre Elie et les habitants restent anecdotiques, comme des tableaux qui ne s’enchaînent pas toujours de façon logique. L’humeur changeante des personnages donne l’impression que des scènes-clés ont été coupées au montage et les quelques passages émotifs impliquent surtout des personnages secondaires. Quant à l’intrigue principale, dont l’essentiel nous est révélé à mi-parcours, elle se dénoue sans surprise ni catharsis.
En résumé, le film vaut surtout pour son portrait des insulaires. L’ensemble de la distribution livre de belles performances, et nous accordons une mention toute spéciale aux acteurs non-professionnels qui impressionnent par leur naturel. La réalisation de Sophie Deraspe mise sur la beauté des paysages et souffre de quelques maladresses au montage. Le symbolisme des glaces en mouvance, entre autre, prêche par excès. On se demande si c’est le documentaire ou la fiction qui l’intéresse en définitive.
À propos d’Elie, le personnage de Gilbert Sicotte dira : « Cette fille-là n’est pas ancrée. Elle dérive». C’est également vrai pour le film.
À propos d’Elie, le personnage de Gilbert Sicotte dira : « Cette fille-là n’est pas ancrée. Elle dérive». C’est également vrai pour le film.