15 avril 2015

Livre: Le contrôle cinématographique en France. Quand le sexe, la violence, et la religion font encore débat

(Christophe Triollet, L’Harmattan, 244 pages)

La première partie de l'ouvrage se penche sur l'évolution de la censure puis de la classification des films en France. Ce petit retour en arrière permet de soulever plusieurs points, parmi lesquels nous retiendrons les premiers questionnements sur ce qu'il convient d'interdire, sur les débuts de l'interdiction des films en fonction de l'âge (arrivée beaucoup plus tôt en France qu’aux États-Unis) ou sur la problématique de la censure politique, très présente en France à certains moments clés de son histoire (guerres, période de décolonisation, d’occupation, etc.)
Par la suite, l'auteur se penche sur les deux gros facteurs d'interdiction (totale ou partielle): le sexe et la violence.
En ce qui concerne le sexe, il revient bien évidemment sur le tournant des années 75 / 76 et la passage d'une politique d'interdiction à une grande permissivité puis à l'instauration d'un classement X, que l'on peut considérer comme une forme de censure économique.
Au-delà de ce cas très intéressant, cette partie consacrée au sexe suscite également une interrogation essentielle: Peut-on tout montrer sous prétexte de liberté d’expression? Bien évidemment la réponse semble être non, car cette liberté comme toutes les autres doit respecter les limites de la loi, et donc, dans le domaine de la sexualité, proscrire des pratiques comme la pédopornographie, ce qui semble normal!
Pourtant, même dans ce cas, le livre prend la peine, malgré sa concision, de développer des contre-exemples en montrant que les choses sont souvent plus complexes que l’évidence (le cas de l'excellent Clip, de la réalisatrice serbe Maja Milos, est à ce titre passionnant). Ce cas très clairement expliqué est à l'image d'autres exemples abordés dans le livre et pose de vraies questions en prenant la peine de donner au lecteur le plus d’éléments de réponse possible.
Par la suite, Christophe Triollet continue sur sa lancée en abordant le sujet de la violence (les films violents sont-ils criminogènes ou jouent-ils au contraire un rôle de chatarsis?). Comme précédemment, il refuse de prendre position de manière trop tranchée et donne une fois de plus tous les éléments au lecteur pour l’aider dans sa propre analyse.
La suite, consacrée au pouvoir de la religion sur la censure puis à une entrevue avec un ancien président de la commission de classification termine de faire de cet ouvrage assez synthétique (parfois un peu trop) un livre à conseiller fortement.
Très documenté, Le contrôle cinématographique en France ne cherche pas à nous faire la leçon ou à nous imposer un point de vue, mais aborde beaucoup de sujets de manière objective pour nous aider à répondre aux questions qu’il suscite (Le cinéma a-t-il une influence sur les spectateurs? Les dispositifs d’interdiction sont-ils encore pertinent à l’heure d’internet? Sexe, violence et religion peuvent-ils (ou doivent-ils) encore limiter la liberté de création? Etc.).
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