3 juillet 2015

Elle l’adore **½

Vincent Lacroix (Laurent Lafitte), un chanteur à succès, se dispute si violemment avec sa femme qu'il il la tue. Pris de panique, il décide de contacter une de ses plus ferventes admiratrices (Sandrine Kiberlain) et lui demande de l'aider à faire disparaître le corps en lui donnant des indications précises, sans lui dire la nature de ce qu'elle aura à transporter dans son coffre.

Réalisatrice: Jeanne Herry | Dans les salles du Québec le 3 juillet 2015 (Axia Films)

Pour son premier film, Jeanne Herry a l'ambition de mélanger les genres puisqu'Elle l'adore relève aussi bien de la comédie que du film policier et sert de prétexte à la description de la relation entre une idole forcément profiteuse et une fan forcément crédule... du moins un temps! La réalisatrice / scénariste prend en effet un malin plaisir à jouer avec les évidences grâce à une Sandrine Kiberlain formidable dans le rôle de la fausse nunuche pas si naïve quelle en a l'air. La mère de famille divorcée et frustrée se révèle en effet très vite être une mythomane de haute volée (la scène de l'interrogatoire est à ce titre un des grands moments du film, et une preuve supplémentaire du talent comique de Kiberlain). Cette idée, parfaitement exploitée, est indéniablement la grande force du film... Malheureusement, un sérieux handicap (le point de départ aucunement crédible, voir plus haut) ne permet jamais à l'oeuvre de décoller. Pas assez fantaisiste pour nous faire croire en la proposition de départ et pas assez sérieux pour nous entraîner dans une étude de personnage troublante, le film ne parvient jamais à trouver sa voie (et lorsqu'il s'en approche, un détail de scénario mal maîtrisé l'empêche d'y parvenir).
Cette réserve est d'autant plus regrettable que la star meurtrière accidentelle et la fan complice occasionnelle étaient deux belles idées de personnage, comme 90% des idées développées au cours du récit (la fausse piste de la disparition du corps est particulièrement bien gérée).
Malgré une écriture qui confond trop souvent inventivité et absence de rigueur scénaristique, Jeanne Herry signe une premier oeuvre encourageante. Avec un co-scénariste capable de canaliser ses propositions et de rendre possible l’improbable, Herry aurait probablement signé une comédie populaire de grande classe. Elle ne signe qu'un petit film maladroit mais pas désagréable. Ce n'est finalement pas si mal.
Il nous reste maintenant à voir quel tournant prendra la suite de sa carrière!
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