Après Anurag Kashyap l’an dernier (Ugly, qui avait reçu le prix de la critique AQCC), c’est au tour de Partho Sen-Gupta de nous livrer par l’entremise de Fantasia un regard sans concessions sur l’Inde d’aujourd’hui en abordant lui aussi le problème des enlèvements d’enfants (100.000 tous les ans).
L’approche de Partho Sen-Gupta est particulièrement intéressante. Son film, qui comporte peu de dialogues, suit la dérive psychologique d’un père policier traumatisé par la disparition de sa fille. L’homme, malgré sa fonction, semble impuissant devant un drame particulièrement banal, commun au point de paraître aussi insoluble que tous les autres cas (la scène durant laquelle un policier refuse une photo d’enfant kidnappée tendue par une mère éplorée en dit long sur l’incapacité des forces de l’ordre à faire face à une telle situation). Au lieu de nous proposer une enquête, le réalisateur préfère aborder ce problème de société en s'immisçant dans l'univers mental du père, qui semble complètement déconnecté de la réalité depuis l'enlèvement… même s’il lutte pour ne pas perdre complètement la face alors que sa femme a déjà sombré dans la folie. La mise en scène et les directions photo et artistique nous entraînent dans une ambiance proche du fantastique qui traduit parfaitement cet univers mental où le réel, devenu insupportable, est de plus en plus phagocyté par le rêve, puis par le fantasme d’un bonheur retrouvé après une mise à mort symbolique du traumatisme passé.
Malheureusement, à côté de ces moment parfaitement maîtrisés, d’autres plus faibles viennent légèrement atténuer les qualités de l’ensemble (les scènes mettant en scène les filles kidnappées sont trop longues, pas toujours bien interprétées et surtout inutiles car en contradiction avec la logique narrative du film).
Malgré ces (relatives) faiblesses, Sunrise demeure un film d’une grande qualité… indéniablement une des belles surprises de cette édition de Fantasia!
