5 août 2015

Le mirage **½

Alors que sa femme (Julie Perreault) lutte contre la dépression en multipliant les achats compulsifs, Patrick (Louis Morissette) n’ose lui révéler que leur situation financière est critique et compense en fantasmant sur la conjointe (Sandrine Beaulieu) de son meilleur ami (Patrice Robitaille).

Réalisateur : Ricardo Trogi | Dans les salles du Québec le 5 août 2015 (Séville)

Soyons clair : malgré le pedigree de ses auteurs, Le mirage n’est pas une comédie. Il s’agit d’un drame qui dépeint la dérive d’un couple engoncé dans la spirale de l’endettement et de la surconsommation. Si on accepte ce postulat de départ, le nouveau film de Ricardo Trogi réserve de bons moments, surtout dans la première partie (où le ton se veut il est vrai plus léger et humoristique).
En s’attaquant à un sujet résolument adulte, Le mirage représente donc un défi pour le réalisateur de Québec/Montréal, Horloge biologique, 1981 et 1987. Sa mise en scène demeure efface, alliant un montage dynamique, une trame sonore relevée et des scènes hautes en couleurs, mais on sent que sa plume est au rancard. Les anecdotes savoureuses qui caractérisent son style font place à l’imaginaire salace de Louis Morissette qui signe ici un scénario pour le moins didactique. Chaque scène s’évertue à démontrer l’aliénation des personnages et dénonce, à coups de contre-exemples, les valeurs de la société de consommation. Les dialogues sont pour la plupart bien écrits mais ils pêchent par excès de rhétoriques. Il s'agit d'ailleurs du principal problème du film : jamais il ne rate une occasion de marteler son propos. Les personnages apparaissent comme des victimes du système et ne semblent pas exister au-delà de cette définition. Il manque à ce réquisitoire une véritable histoire, du moins un revirement de situation qui permettrait au récit de s’élever au-dessus du discours habituel, mais ce n’est pas le cas et les auteurs se contentent de ressasser les mêmes lieux communs. Au bout du compte, le spectateur sort de la projection avec la fâcheuse impression de s’être fait sermonner pendant 2 heures.
Cela dit, le rythme soutenu, les répliques acerbes et certains passages particulièrement réussis permettent au film d’être vu sans ennui. Son scénario aurait juste mérité un traitement moins superficiel!
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