En pleine guerre froide, au moment de la construction du mur de Berlin et de la crise diplomatique entourant l’avion U2 abattu au-dessus de l’URSS, un avocat (Tom Hanks) accepte de défendre un espion russe, puis de se rendre à Allemagne pour négocier l’échange de celui-ci contre deux compatriotes américains.
Réalisateur : Steven Spielberg | Dans les salles du Québec le 16 octobre 2015 (Sony Pictures)
Il n’y a pas si longtemps encore, Steven Spielberg était considéré comme un monstre sacré du cinéma américain, un maître incontesté de la mise en scène dont les films, qu’on les apprécie ou non, comportaient tous leur lot de séquences mémorables et de morceaux de bravoure. Et puis l’enfant prodigue d’Hollywood s’est assagi au point de faire (pour reprendre l’expression consacrée par Truffaut) du «cinéma de papa». C’est exactement ce que nous propose Bridge of Spies, une œuvre aussi lisse qu’une paire de chaussures bien cirées. Comme Lincoln, son opus précédent, tout repose sur l’Histoire avec un grand H (à ne pas confondre avec le scénario), de même que sur le message édifiant qu’elle nous enseigne et finalement sur les épaules de l’acteur principal, en l’occurrence Tom Hanks qui, comme Spielberg, s’appuie sur une expérience avérée et une réputation enviable pour livrer la marchandise sans trop mouiller sa chemise.
La première partie du film, celle qui relate les difficultés d’un avocat à défendre un client accusé d’espionnage, s’avère la plus intéressante. D’une part, la relation entre les deux hommes est bien développée et recèle des questions éthiques pertinentes. D’autre part, la personnalité de l’accusé, aux antipodes de l’archétype de l’espion russe, est rafraîchissante et son humour pince-sans-rire (je suis prêt à mourir, bien que ne sois pas mon premier choix) le rend attachant.
Ensuite, l’histoire se déplace en Allemagne (au moment de la construction du mur de Berlin) tandis que l’avocat incarné par Hanks doit négocier l’échange de deux prisonniers américains contre l’espion russe sus mentionné. C’est là que le long-métrage s’enlise dans une vision un peu poussiéreuse des relations est-ouest qui prévalaient durant la guerre froide. Si on en ressort convaincu que les États-Unis sont une grande nation et que le communisme est une abomination, le film aura atteint l’un de ses objectifs.
Les amateurs de drames historiques, d’intrigues politico-judiciaires ou encore d’histoires vécues y trouveront leur compte bien davantage que les cinéphiles aguerris. Spielberg s’acquitte honorablement de sa tâche, sans faire preuve de zèle ni de créativité, et la distribution irréprochable permet de surfer sur la dernière partie du film qui manque singulièrement de consistance.
L'avis de la rédaction :
Sébastien Veilleux: **½
Jean-Marie Lanlo: **
Martin Gignac: ***