11 mars 2016

Embrace of the Serpent (El abrazo de la serpiente) ***½

Embrace of the Serpent
Texte rédigé dans le cadre du FNC 2015

En Amazonie, à 30 ans d'intervalle, deux botanistes recherchent une plante mystérieuse, guidés dans leur quête par le même chamane.

Réalisateur: Ciro Guerra | Dans les salles du Québec le 11 mars 2016 (Cinéma du Parc)

Après son très beau Los Viajes del Viento, Ciro Guerra nous entraîne dans un nouveau voyage dans un environnement très différent. Si par certains aspects, le film fait aussi bien penser à Aguirre qu'à Apocalypse Now (la pénétration d'étrangers dans une jungle hostile qui n'obéit qu'à ses propres règles, la folie des occidentaux qui s'y installent pour y créer leur micro royaume), certains choix faits par le réalisateur lui permettent de porter sur ce thème un regard très différent. D'une part, en usant du montage parallèle, il met en avant les ravages des tentatives de «civilisation» des peuples indigènes, mais surtout, en optant pour un cadre extrêmement précis et apaisé, il ne montre plus la folie environnante avec le regard du colonisateur, mais avec celui de l'autochtone, pour qui la jungle n'est pas hostile et pour qui la folie générée par une nature omniprésente est tout à fait contrôlable grâce à sa connaissance.
Loin de nous proposer une succession de belles images gratuites (filmées dans un superbe noir et blanc signé David Gallego), Ciro Guerra utilise ses images pour nous aider à mieux appréhender la vision du vieux sage qui assiste à la perte de contrôle des hommes blancs cherchant à intégrer (voire à dominer) un monde qui n’est pas le leur.
En nous racontant son histoire avec l’œil du chamane, Guerra nous offre ainsi l'autre face de la médaille jadis façonnée par Herzog et Coppola. Certes, il le fait avec tant d’efficacité que sa proposition prend paradoxalement le risque de désarçonner les occidentaux que nous sommes, mais cela n'empêche en rien le résultat d'être passionnant.
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Sami Gnaba: ***½
Martin Gignac: ****
Olivier Bouchard: **½
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