12 novembre 2015

Cinemania 2015: Ni le ciel ni la terre ***½

Réalisateur: Clément Cogitore

Dans les régions montagneuses de l’Afghanistan, une section de soldats français voit certains de ses membres disparaître mystérieusement.
De cette prémisse qui n’a rien de bien original au premier abord, le premier film de Clément Cogitore parvient admirablement à créer un objet emballant, inattendu. Sa principale réussite tient dans la capacité de Cogitore à s’extraire d’un genre ultra-codé (le film de guerre), dont il emprunte plusieurs éléments (les embuscades, l'officier protecteur de sa troupe, la région et les villageois hostiles), tout en portant l’ensemble vers d’autres territoires imprévisibles, le fantastique.
Le film avance pour ainsi dire en deux temps et sur deux registres opposés (réalisme et fantastique). Dans un premier temps, il met de l’avant un petit groupe de soldats soudés entre eux. Ensuite, devant la disparition inexplicable de soldats, le film glisse vers une autre dimension, plus abstraite. Le mystère s’épaissit, les questions se multiplient, tandis que la tension s’infiltre pour graduellement diviser le groupe.
Dans sa seconde partie, plus nocturne et plus ambitieuse, le film ménage quelques trouvailles visuelles particulièrement réussies (le recours des lunettes à infrarouge et des caméras thermiques) accentuant ce sentiment de désorientation et d’irrationalité dans lequel les soldats restants s’engouffrent… Épaulé par des acteurs magnifiques (Jérémie Rennier en tête) et affichant une belle rigueur dans la forme, Cagitore signe un premier film tendu et passionnant, qui risque très probablement de ne pas convaincre tout le monde, mais qui a au moins le mérite d’essayer des choses.
L'avis de la rédaction :

Sami Gnaba: ***½
Jean-Marie Lanlo: ***
Martin Gignac: ***
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