6 novembre 2015

Le garagiste **

En attente d’une greffe de rein, un mécanicien remet sa vie en question lorsqu’il embauche un jeune homme peu compétent mais dévoué.

Réalisatrice : Renée Beaulieu | Dans les salles du Québec le 6 novembre 2015 (TVA Films)

Alors que le débat sur le suicide assisté continue d’alimenter les discussions sur la place publique, la réalisatrice et scénariste Renée Beaulieu s’intéresse aux tourments d’un homme qui reste en vie uniquement pour satisfaire son entourage alors que lui-même a perdu toute motivation à se battre. Adrien (Normand d’Amour) va en dialyse trois fois par semaine pour ne pas décevoir sa femme (Natalie Cavezzali) et son père (Michel Dumont) qui espèrent le voir reprendre une vie normale dès qu’il aura reçu sa greffe de rein. Mais on sent que le mal d’Adrien est beaucoup plus profond et l’embauche de Raphaël (Pierre-Yves Cardinal), un employé à qui il pourrait éventuellement passer le flambeau, l’oblige à se remettre en question.
Il est difficile en voyant Le Garagiste de discerner ce qui relève de l’intention artistique et ce qui est attribuable à de la maladresse (ou au manque de moyens). Bien que le non-dit semble être la priorité de l’auteure, on se demande parfois si l’évolution éclectique du récit a été mûrement réfléchie ou tout bonnement improvisée dans la salle de montage. Il y a très peu de scènes structurées dans le film, l’histoire nous étant racontée par l’entremise de plans épars, très courts, souvent intemporels, bien photographiés mais dénués de fluidité. Ce procédé vise à mettre en relief l’état d’esprit des personnages au lieu de leurs actions, chacun d’eux étant englué dans une routine qui les tue à petits feux. Il en résulte un exercice purement intellectuel où l’émotion est bien rendue par les comédiens mais dont l’intensité se retrouve coupée au montage. Certaines répliques s’avèrent également trop explicatives, comme si l’auteure se dépêchait à nous balancer l’information avant de retomber dans le non-dit, ce qui enlève beaucoup de crédibilité aux personnages et en particulier à Marie (Louise Portal) qui peine à justifier sa présence et semble n’être là que pour étirer la sauce. L’ensemble de la distribution livre de belles performances, bien que seul Michel Dumont parvienne vraiment à nous émouvoir, peut-être parce qu’il interprète encore l’éternel grincheux au grand cœur.
À bien des égards, ce premier long-métrage de Renée Beaulieu ressemble à un moyen-métrage qu’on aurait gonflé avec des plans d’inserts. C’est bien dommage car un tel sujet aurait mérité un traitement moins évasif.
L'avis de la rédaction :

Sébastien Veilleux: **
Martin Gignac: **½
Miryam Charles: **
Olivier Maltais: ***
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