29 février 2016

RVCQ 2016: le bilan

Les RVCQ viennent de s'achever et, malheureusement, cette édition ne restera pas dans nos mémoires. Ils proposaient il est vrai comme d'habitude des courts métrages, des documentaires et des discussions parfois intéressantes (voire très animées, comme celle consacrée à la diversité culturelle à l'écran), mais ils nous ont laissé sur notre faim en ce qui concerne la programmation des films de fictions inédits... même si nous sommes conscients que la faute n'en revient probablement pas au festival.
D'ailleurs, contrairement aux deux années précédentes, la sélection des longs métrages de fiction n'ayant pas encore le soutien de distributeur était beaucoup plus exigeante, ce qui est une bonne chose (promouvoir le cinéma québécois ne veut pas dire projeter n'importe quoi). Ainsi, dans cette catégorie, les 4 films présentés avaient leur place (nous avions oublié Copenhague A Love Story dans notre présentation du festival, probablement aveuglé par sa sélection dans le cadre des projections "tapis bleu").
Aucun ne nous a totalement convaincu, mais ils méritent qu'on en dise deux mots:
Copenhague A Love Story **½: premier film de fiction du documentariste Philippe Lesage (qui a réalisé par la suite Les Démons, récipiendaire de plusieurs prix remis dans le cadre du festival). Le film comporte de grandes qualités qui témoignent du regard de documentariste de son réalisateur. Par contre, Philippe Lesage éprouve des difficultés à insuffler à l'ensemble son envie de fiction.
* L'eau de la vie **½, de Scott G. MacLeod: très beaux contes historiques racontés par leur auteur (Mike Burns). Malheureusement, malgré le charme de l'illustration, la voix et le récit ont tellement de force qu'il rendent l'image presque superflue.
* Toujours encore **½, de Jean-François Boisvenue: long métrage composé d'un assemblage de courts. Si l'ensemble est cohérent par la nature du sujet abordé (les obsessions), il peine à former un ensemble entièrement satisfaisant malgré un très beau travail de montage et un vrai sens du rythme. Le film est imparfait, mais son réalisateur est à suivre...
* Ana **½, de Frédérick Maheux: comme le précédent, il s'agit plus d'une suite de courts (inégaux) que d'un vrai long... qui n'est pas vraiment non plus un film de fiction. Il est regrettable qu'on ne lui ait pas collé la bonne étiquette. Il aurait d'ailleurs plus sa place dans un musée que dans une salle de cinéma... ce qui ne retire bien évidemment rien à ses qualités.

Pour le reste, Les RVCQ ont laissé planer une certaine inquiétude quant à la qualité des films québécois à venir. Habituellement, ils sont une rampe de lancement pour les films du printemps. Cette année, ils ne proposaient rien de très encourageant. Certes, nous n'avons pas pu voir Avant les rues, de Chloé Leriche, en raison d'un cafouillage indépendant de notre volonté (nous nous rattraperons bien sûr lors de sa sortie). Cependant, les autres longs métrages de fiction en attente de sortie en salle (peu nombreux) nous ont déçu.
* Boris sans Béatrice **½ (photo), le film d'ouverture, possède des qualités mais il s'agit probablement du film le plus faible de Denis Côté depuis Elle veut le chaos. Nous en reparlerons d'ici quelques jours.
* pour sa part, Montréal la blanche **, de Bachir Bensaddek, pose un regard différent sur la réalité montréalaise. Il possède de belles qualités, avec un travail de la caméra qui s'associe parfaitement à celui des acteurs (tous excellents) pour donner vie à des personnages convaincants. Par contre, le scénario est particulièrement faible, notamment certains développement narratifs d'une maladresse rébarbative.
Au final, nous pouvons dire qu'entre ces petits RVCQ et la polémique autour de Claude Jutra, l'année ne commence pas particulièrement bien pour le cinéma québécois. Mais ce n'est qu'un début. Le cinéma d'ici nous a souvent agréablement surpris ces dernières années... Il ne nous reste qu'à attendre sa sortie d'hibernation !
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