26 février 2016

Béliers / Rams (Hrútar) ****

Deux frères qui ne se parlent plus depuis 40 ans élèvent des béliers dans un village d’Islande. Lorsqu’une épidémie de tremblante touche la région, leur relation évolue lentement.

Réalisateur: Grímur Hákonarson | Dans les salles du Québec le 26 février 2016 (Métropole)

Nous devons bien l’admettre: le point de départ n’est a priori pas très excitant. Pourtant, très vite, le sens du cadre, l’attention portée aux protagonistes et la capacité à rendre prégnant l’environnement géographique (une campagne islandaise à la fois belle et triste) excercent un pouvoir de fascination certain.
Il ne se passe pas grand chose et il y a peu de dialogues, mais les éléments cités plus haut nous permettent de comprendre progressivement le quotidien des deux protagonistes, et par ricochet ce à quoi se résume leur vie: leur élevage et la tension qui existe entre eux.
L’univers ainsi dépeint pourrait être pesant mais des touches infimes d’humour décalé apportent au film un souffle singulier. Petit à petit, dans une ambiance à la fois réaliste et improbable, le drame que doivent redouter tant d’éleveurs et la relation conflictuelle entre ces frères ennemis s’associent pour former un tout constitué d’une même succession de petits riens, de plus en plus fascinante, selon un mystère dont le cinéma a le secret. Pour finir, Grímur Hákonarson se paie le luxe de nous offrir une dernière scène magnifique, toujours aussi simple, mais d’une force émotionnelle qui tranche avec les précédentes. Ici, le drame du quotidien n’aura pas servi de catalyseur à la tension fraternelle mais aura permis aux liens du sang de de reformer, à l’occasion d’une magnifique scène finale.
Béliers est donc petit film (en apparence) fait de pas grand chose, mais avec une maîtrise et une grâce rares. Gagnant du Prix Un Certain Regard à Cannes, il aurait probablement mérité une place en compétition!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ****
Martin Gignac: ****
Sami Gnaba: ***½
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