8 avril 2016

Demolition (Démolition) ***

Un homme à qui tout semblait réussir voit son existence bouleversée par le décès de sa femme. Il fait face à cette épreuve comme il peut… c’est-à-dire en détruisant tous les souvenirs de son existence passée.

Réalisateur: Jean-Marc Vallée | Dans les salles du Québec le 8 avril 2016 (VVS Films)

Demolition est un film sur le deuil qui commence de manière impressionnante. Sans préambule psychologisant, Jean-Marc Vallée nous place directement face à l’élément déclencheur du récit: la mort de l’épouse du héros. Avec le support de la caméra de Yves Bélanger (qui semble faire partie intégrante du casting tant elle parvient à restituer avec un mélange de justesse et de sobriété les impressions ressenties par le personnage principal), Jean-Marc Vallé nous plonge presque physiquement dans l’état que peut provoquer la mort d’un proche. Au lieu de céder aux facilités lacrymales, il montre plutôt un homme qui fait face à la douleur en flottant au milieu d’un quotidien dont la logique semble bouleversée, dont les choses banales deviennent importantes et les choses jusqu’alors essentielles passent au second plan. Non seulement ces scènes sont d’une grande efficacité, mais elles permettent aussi de ressentir comment un homme qui avait tout s'aperçoit de la vacuité de son existence. C’est malheureusement à se moment là que les choses se gâtent un peu.
Le cheminement de Davis (Jake Gyllenhaal, excellent) devient en effet alors d’un symbolisme un peu trop appuyé (démolir pour faire table rase de son passé), et sa relation avec le fils de sa confidente épistolaire (Naomi Watts, tout aussi excellente) n’est pas toujours réussie, même si elle permet d’obtenir quelques belles scènes.
Après avoir commencé avec maîtrise, Demolition se prolonge donc dans la maladresse narrative, ce qui n’enlève rien aux multiples talents de Vallée (direction d’acteur, sens de la mise en scène, gestion impressionnante d’un budget relativement limité).
Heureusement, le film se reprend un peu sur la fin avec une des dernières minutes qui lui permettent de retomber sur ses pieds.
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***

Martin Gignac: ***
Olivier Maltais: ***½
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