3 juin 2016

Les deux amis **½

Clément et Abel sont amis de longue date. Quand Clément ne fait pas le figurant sur les plateaux de tournage, il tente de conquérir le cœur de la belle et secrète Mona. Malgré toute sa ténacité, cette dernière refuse ses avances. Désespéré, Clément demande à Abel de l’aider.

Réalisateur : Louis Garrel |Dans les salles du Québec le 03 juin 2016 (Funfilm)

Après un moyen-métrage (le sublime Le petit tailleur, sous grande influence de la nouvelle-vague) et un court (La règle de trois) dont il reprend ici les mêmes motifs et acteurs (le fabuleux Vincent Macaigne et l’éblouissante Golshifteh Farahani), Louis Garrel persiste et signe un premier long-métrage au carrefour du film romantique et de la bromance. À la fois léger et grave, imparfait et singulier, Les deux amis agit comme une sorte de synthèse de tout ce que Garrel fils a produit dans ses réalisations du passé (la confusion des sentiments d’une certaine jeunesse, le film de bande, les histoires d’amour foireuses), moins par inspiration limitée que par un désir affirmé de travailler une thématique (l’amitié) et un univers cinématographique bien à lui, au creux de l’intime.
Oscillant entre beaux moments assez réussis (la scène du bar ou celle de la confession au bas des escaliers) et d’autres plus lassants, le film trouve difficilement son équilibre. Pourtant, même quand il ne convainc pas entièrement (le manque d’ampleur de la première partie), Les deux amis se déploie vers un horizon assez rafraîchissant et plutôt peu fréquenté, conférant à la bromance usuelle un caractère éminemment français.
À l’opposé de la tendresse avec laquelle il accompagnait ses trois personnages dans La règle de trois, Garrel fait preuve ici d’un regard plus tranchant et sévère dans son portrait de l’amitié masculine. Au fur à mesure que son film se déploie, il est clair que ce n’est pas tant l’argument amoureux liant le trio qui l’intéresse mais la description minutieuse de l’amitié qui, dans ses meilleurs moments comme ses pires, s’apparente à de l’amour pleinement vécu et consommé (la loyauté, la complicité, les mensonges). Si l’argument est fort juste, nous aurions préféré qu’il ne nous soit pas asséné si lourdement, comme dans la scène nocturne dans la chambre d’hôtel où Clément affiche pour la première fois ses (res)sentiments à l’égard d’Abel.
Sans totalement séduire, Les deux amis demeure néanmoins un premier long-métrage attachant et à voir !
L'avis de la rédaction :

Sami Gnaba: **½
Jean-Marie Lanlo: ***
Martin Gignac: **
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