5 août 2016

Les délices de Tokyo / Sweet Bean (An) ***½

Un vendeur de pâtisseries japonaises embauche une vieille femme malade dotée d’une recette secrète qui fait le délice de ses clients.

Réalisateur : Naomi Kawase | Dans les salles du Québec le 5 août 2016 (Cinéma du Parc)

Après des années à réaliser des opus austères, plusieurs grands cinéastes décident de rendre leur art plus accessible. Jia Zhang-ke a flirté avec le mélo avec son émouvant Au-delà des montagnes, Hirokazu Kore-eda est en mode sentimental depuis I Wish (cela se fait toujours remarquer sur son magistral Notre petite sœur) et c’est au tour de Naomi Kawase d’emprunter cette voie.
Avec An, elle filme la beauté de la vie et de la nature en suivant des personnages sans histoire qui cachent leurs blessures. La simplicité du trait peut surprendre et c’est le fondement de cette chronique douce-amère qui charme et bouleverse tout à la fois. Il n’y a pas de grands drames majeurs ou des révélations à l’emporte-pièce, mais un parfum de mélancolie qui distille son odeur au fil des saisons, révélant lentement mais sûrement les émotions et les souffrances de chacun.
La mise en scène discrète est attentive aux personnages attachants, défendus par des interprètes épatants (mention spéciale à Kirin Kiki dans la peau de la mémé de 76 ans). Le trait est parfois un peu gros, les dialogues sur la liberté trop explicatifs et les métaphores auraient pu être plus subtiles, mais cela n’est pas suffisant pour altérer la sauce qui, sans être impeccable, a plutôt bon goût... tout comme ces dorayakis, ces petites crêpes aux haricots rouges confits qui sont confectionnées du début à la fin.
Évidemment, An ne possède pas la maîtrise formelle et narrative de La forêt des Mogari ou du magnifique Still the Water. Il offre cependant une autre facette de l’immense talent de Kawase qui, même en mode hors-d’œuvre, saura combler la plupart des appétits... d'autant plus qu’il s’agit de la porte d’entrée idéale vers son univers.
L'avis de la rédaction :

Martin Gignac: ***½
Jean-Marie Lanlo: **½
Olivier Maltais: ***½
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