18 novembre 2016

Elle ***½

Film vu dans le cadre de Cinemania 2016

Les conséquences d’une agression sexuelle sur la vie de Michèle (Isabelle Huppert), une femme de tête qui ne peut laisser une telle chose la désaxer.

Réalisateur : Paul Verhoeven | Dans les salles du Québec le 18 novembre (Métropole)

Peu de femmes auront eu cette année au cinéma la complexité de la Michèle incarnée par Isabelle Huppert dans Elle. Entreprenante, intelligente et féroce, elle n’est pourtant pas un modèle de vertu. Ce sont d'ailleurs autant ses défauts que ses qualités qui en font une féministe qui refuse de se faire marcher sur les pieds. Cette comédie noire de Paul Verhoeven nous plonge au cœur du quotidien d’une femme déterminée à prendre le contrôle de toute situation, peu importe les balles courbes que la vie lui lance.
L’agression sexuelle violente au sein même de sa demeure n’est que l’exemple le plus concret de la misogynie qu’elle doit subir au quotidien. Ses collègues de travail qui ne remettent pas en question son expertise la fétichisent de façon malsaine et des inconnus lui lancent de la nourriture, la blâmant pour les crimes de son père. À travers une réalité légèrement augmentée, Verhoeven met en exergue toutes les manières dont la société s’en prend aux femmes en toute occasion possible. Cependant, Michèle n'est pas pour autant exempte de reproches. Elle s'en prend également aux autres femmes pour des raisons basses et immatures.
Huppert donne vie à un personnage qu'il est toutefois possible de comprendre et d’apprécier, mais lorsque le générique déroule, il est clair que certains de ses secrets ne seront jamais révélés. À quel point cette femme orchestre-t-elle certains événements de sa vie, qui selon toute vraisemblance sont hasardeux? C’est une marque de l'énorme performance d'Huppert que de parvenir à créer un personnage volontairement secret qui nous donne envie de déchiffrer cette femme énigmatique.
Verhoeven réussit de manière impressionnante à passer des moments de violence brutale aux scènes de comédie aux limites de l’absurde. Avec une des performances les plus nuancées de l’année, Elle risque d’en marquer plus d’un, pour le meilleur et pour le pire.
L'avis de la rédaction :

Olivier Maltais: ***½
Jean-Marie Lanlo: **½
Martin Gignac: ****
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