18 novembre 2016

Pays ***½

Vu dans le cadre du FCVQ 2016

Une délégation canadienne va dans un état insulaire situé au large du Canada pour négocier un accord commercial. La présidente du pays, une députée canadienne et une négociatrice se retrouvent à la table des négociations.

Réalisatrice: Chloé Robichaud | Dans les salles du Québec le 18 novembre 2016 (Séville)

Avec Sarah préfère la course, Chloé Robichaud nous avait offert un premier film plutôt réussi, malgré une certaine tendance à un éparpillement qui éloignait un peu trop le spectateur de son personnage principal. Nous avions ici-même souhaité à l’époque que Robichaud règle ce petit problème à l’occasion de son second film… Ce n’est pas le cas, mais c’est peut-être étrangement ce qui fait la force de Pays.
Avec ses trois personnages principaux (trois femmes magnifiquement incarnées par Emily VanCamp, Nathalie Doummar et Macha Grenon), sa multitude de personnages secondaires, son mélange de comédie absurde et de drame (voire de thriller…), son passage perpétuel des affaires publiques (la négociation politique) aux affaires privées (la vie intime), Robichaud passe son temps à changer de direction. Pourtant, alors que le film avait tout pour tourner en rond, il finit par exister pour ce qu’il est. La place des femmes dans la vie publique, la difficulté à concilier vie publique et vie privée, la lourdeur structurelle des partis politiques, la realpolitik… tout cela est abordé, mais sans convaincre vraiment. Ce qui touche surtout en transparence, c’est la liberté d’une jeune cinéaste qui assume une envie de faire ce qu’elle veut et ce qu’elle fait si bien: filmer des visages de femmes (principalement Nathalie Doummar, sublimée comme Sophie Desmarais et Ève Duranceau dans ses précédents films), soigner son cadre (parfois presque trop: son travail sur les lignes droites peut focaliser un peu trop l’attention des spectateurs formalistes), abuser d’un humour bien à elle, avoir recours aux contre-pieds quasi permanents, etc.
Au final, Pays prends le risque de déplaire. Il le fait cependant avec un tel talent qu’il nous est difficile de ne pas apprécier… à condition toutefois de ne pas être hermétique à l’univers si particulier de Chloé Robichaud!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Martin Gignac: ***½
Olivier Maltais: ***½
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